Un essai clinique de grande ampleur montre l’efficacité d’un nouveau protocole thérapeutique pour traiter la cryptococcose neuro-méningée liée à une infection par le VIH, ainsi qu’une plus faible survenue d’effets indésirables.
Une publication parue en mars 2022 dans la revue New England Journal of Medicine propose un traitement innovant pour la cryptococcose neuro-méningée. Il permet de simplifier la prise en charge, y compris dans les pays à ressources limitées, des patients co-infectés par le VIH, le virus responsable du sida. En associant plusieurs médicaments (une perfusion unique par voie intraveineuse d’une posologie élevée d’amphotéricine B liposomale, conjointement à un traitement de flucytosine et fluconazole par voie orale), ce protocole de soin diminue significativement le risque d’évènements indésirables tout en étant aussi efficace que la stratégie de référence pour prévenir les décès à la 10e semaine de traitement.
La cryptococcose neuro-méningée est une infection fongique invasive grave causée par une levure. Elle survient le plus souvent chez des patients sévèrement immunodéprimés, en premier lieu infectés par le VIH à un stade tardif de la maladie, et représente en ce sens la 2e cause de mortalité liée au sida dans le monde. Cela représente environ 180 000 décès par an, principalement en Afrique sub-saharienne.
L’étude AMBITION1, qui a mené à cette publication, a été réalisée dans le cadre d’un consortium international, en utilisant les données de cinq pays d’Afrique sub-saharienne : l’Afrique du Sud, le Botswana, le Malawi, l’Ouganda et le Zimbabwe. À l’Institut Pasteur, elle implique l'unité de mycologie moléculaire, et son investigateur principal Olivier Lortholary. Il s’agit de l’essai clinique randomisé ayant inclus le plus grand nombre de sujets, avec 844 patients infectés par le VIH à un stade avancé et présentant une cryptococcose neuroméningée. L’unité de mycologie moléculaire continue de travailler sur cette infection fongique, notamment sur les mécanismes expliquant la survie du cryptocoque à l’intérieur des cellules phagocytaires, comme les macrophages. Elle participe également à la conception et à la réalisation d’une approche diagnostique antigénique innovante, par le développement d’une méthode de PCR quantitative qui faciliterait le diagnostic et le suivi sous traitement de la méningite à cryptocoque.
1. Etude AMBITION : AMBIsome Therapy Induction OptimisatioN.
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.
Source :
Single-Dose Liposomal Amphotericin B Treatment for Cryptococcal Meningitis, New England Journal of Medicine, 24 mars 2022
J.N. Jarvis, D.S. Lawrence, D.B. Meya, E. Kagimu, J. Kasibante, E. Mpoza, M.K. Rutakingirwa, K. Ssebambulidde, L. Tugume, J. Rhein, D.R. Boulware, H.C. Mwandumba, M. Moyo, H. Mzinganjira, C. Kanyama, M.C. Hosseinipour, C. Chawinga, G. Meintjes, C. Schutz, K. Comins, A. Singh, C. Muzoora, S. Jjunju, E. Nuwagira, M. Mosepele, T. Leeme, K. Siamisang, C.E. Ndhlovu, A. Hlupeni, C. Mutata, E. van Widenfelt, T. Chen, D. Wang, W. Hope, T. Boyer‑Chammard, A. Loyse, S.F. Molloy, N. Youssouf, O. Lortholary, D.G. Lalloo, S. Jaffar, and T.S. Harrison, for the Ambition Study Group