Voici aujourd’hui 35 ans que le virus VIH-1, responsable du sida, a été isolé par des chercheurs de l’Institut Pasteur. Si des traitements antirétroviraux ont permis de sauver la vie de nombreuses personnes, il n’existe à ce jour aucun traitement permettant d’éliminer totalement le virus de l’organisme et la recherche d’un vaccin est toujours en cours. Ces défis mobilisent différentes équipes à l’Institut Pasteur dont Asier Sáez-Cirión, chef de groupe dans l’unité HIV, Inflammation et persistance.
L’origine d’un parcours
Aussi loin qu’il se souvienne, Asier a toujours été passionné par les sciences. Enfant, il aime se plonger dans les livres et c’est à travers ses lectures qu’il découvre le monde des microbes et des virus. A sept ans, il participe à un jeu concours, pour gagner un microscope et à sa plus grande joie il va l’emporter. Il annonce, à cette même époque, qu’il « souhaite comprendre les maladies, pour soigner les gens ». Cette idée d’enfant est à prendre très au sérieux, puisqu’elle va le poursuivre tout au long de sa scolarité. Après l’obtention du baccalauréat, en 1995, il entre à l’université de Leioa, non loin de sa ville natale de Bilbao, en Espagne, pour y suivre des études de biochimie. Durant sa première année, il a l’opportunité de croiser un professeur argentin. Cette rencontre va être déterminante puisqu’elle lui permet de devenir stagiaire et de pouvoir participer, pour la première fois, à la vie d’un laboratoire. Si aujourd’hui ce professeur n’est plus de ce monde, notre chercheur tient à lui rendre hommage et à le remercier pour la confiance qu’il a su lui accorder. En fin de cycle, sa thèse est consacrée aux mécanismes d’entrée d’un virus dans la cellule.
Trouver la bonne hypothèse
En 2002, pour son post-doctorat, Asier se rend aux Etats-Unis, à l’US Food and Drug Administration, son objectif est de développer des outils pour induire des anticorps susceptibles d’empêcher l’entrée du virus VIH à l’intérieur de la cellule. Cependant, il a des doutes sur la potentielle efficacité de ces anticorps chez les sujets infectés par le VIH et décide d’explorer les mécanismes qui sont en place chez les rares personnes qui sont naturellement protégées du virus. Ainsi, en 2003, départ pour Paris, à l’Institut Pasteur, pour un contrat de deux ans, financé par l’association Sidaction. C’est dans l’unité de Régulation des infections rétrovirales dirigée par Françoise Barré-Sinoussi que, avec Gianfranco Pancino, Asier collabore à un sujet scientifique original et prometteur. En effet, ce laboratoire, en lien avec les instituts membres du Réseau International des Instituts Pasteur, travaille à l’étude d’échantillons sanguins d‘utilisateurs de drogues injectables et multi exposés à de nombreux virus. Certains de ces sujets semblent étrangement résister à l’infection du VIH. Ces recherches vont permettre de mieux comprendre le système immunitaire et notamment de mettre en évidence la résistance de certaines cellules (les cellules T CD4) que le virus exploite normalement pour se multiplier et se propager dans tout l’organisme.
De rares cas de rémissions pour modèle
Aujourd’hui notre chercheur travaille, entre autres avec l’Agence nationale de recherche (ANRS), sur les rares cas de vingt-cinq français qui, après interruption des traitements antirétroviraux, ont toujours aujourd’hui une charge virale indétectable. On parle alors de rémission de l’infection par le VIH, et l’équipe travaille sur l’identification des facteurs responsables de cette rémission.
« Le métier de chercheur me motive chaque jour et les échanges scientifiques sur le campus de l’Institut sont très enrichissants. Un « groupe de réflexion sida » se réunit périodiquement, et c’est l’occasion pour les différentes unités de recherche, travaillant sur le même thème, à l’Institut et en dehors, d’échanger et de partager l’actualité de nos recherches. » Pour Asier, qui dit avoir la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil, son investissement est multiple. Il coordonne depuis 2013 avec l’ANRS un consortium d’équipes sur la rémission VIH et collabore aussi avec l’association Sidaction dont il est, depuis 2017, le président du comité scientifique et médical.
Asier Sáez-Cirión en quelques dates
2014 : chargé de recherche puis directeur de recherche et chef de groupe dans l’unité HIV inflammation et persistance, Institut Pasteur, Paris, France.
2017 : président du comité scientifique et médicale de Sidaction.
2013 : habilitation à diriger des recherches, université Pierre-et-Marie-Curie, Paris VI, Paris, France.
2007-2014 : chargé de recherche dans l’unité de Régulation des infections rétrovirales, Institut Pasteur, Paris, France.
2003-2007 : post-doctorat dans l’unité de Régulation des infections rétrovirales, Institut Pasteur.
2002-2003 : post-doctorat à l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, l’U.S. Food and Drug Administration (FDA), Bethesda MD, Etats-Unis.
1998-2001 : doctorat à l’université du Pays-Basque, Leioa, Espagne.
Repères Selon l’OMS, en 2017, 36,9 millions de personnes vivaient dans le monde avec le VIH. Et 21,7 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral. |