Des virus de la grippe saisonnière, désormais sous surveillance renforcée, aux virus responsables de bronchiolites chez les nourrissons, en passant par les coronavirus, ces pathogènes ont su s’adapter aux conditions hivernales et circulent de manière saisonnière dans l’hémisphère Nord. Parmi les centaines de virus respiratoires et digestifs, seuls certains provoquent des épidémies hivernales significatives.
Chaque hiver, des virus affectent des millions de personnes en France et mobilisent massivement les structures de soins. Leur diversité et leur impact sur les systèmes de santé imposent une attention particulière à leur identification et à leur surveillance épidémiologique.
Ce sont principalement deux grandes catégories de virus qui dominent la période hivernale :
- les virus respiratoires, responsables des rhumes, rhinopharyngites, grippes saisonnières, bronchites et bronchiolites,
- et les virus responsables de gastro-entérites, communément appelés « rotavirus » et « norovirus ».
La spécificité de ces virus hivernaux réside dans leur capacité à provoquer des pathologies dont la gravité varie considérablement selon l’âge et l’état de santé des personnes infectées. Cette spécificité est modulée par l’immaturité ou le déclin du système immunitaire, ainsi que par des facteurs anatomiques comme la taille des voies respiratoires chez les nourrissons.
Le virus Influenza et la grippe saisonnière : un enjeu majeur de santé publique
La grippe est une infection respiratoire contagieuse dont la particularité réside dans la grande variabilité génétique de ses virus du genre influenza. Cette caractéristique explique la nécessité d'adapter chaque année la composition du vaccin antigrippal.
Les épidémies saisonnières touchent chaque hiver entre 2 et 6 millions de personnes en France, avec un excès de mortalité attribuable à la grippe d’environ 10 000 décès, principalement chez les sujets fragiles : personnes âgées, femmes enceintes, personnes atteintes de maladies chroniques et nourrissons. Au-delà de ces épidémies annuelles prévisibles, le risque pandémique associé à la grippe zoonotique (transmise de l’animal à l’être humain) constitue également un enjeu majeur de santé publique mondiale.
En dehors des mesures d’hygiène essentielles (lavage des mains, port du masque en cas de symptômes, aération des locaux), la vaccination annuelle contre la grippe reste le moyen le plus efficace de se protéger et de protéger son entourage, particulièrement les personnes à risque.
Grippe : les bons gestes.Vincent Enouf, chercheur à l'Institut Pasteur © Institut Pasteur
Le virus respiratoire syncytial et la bronchiolite : une menace pour les nourrissons
Le virus respiratoire syncytial (VRS) représente le principal agent pathogène responsable de la bronchiolite, une infection qui affecte chaque hiver près de 30% des enfants de moins de 2 ans (lire Bronchiolite : pourquoi elle ne touche que les nourrissons). Dans 60 à 90% des cas de bronchiolite, le VRS est en cause, faisant de cette infection un enjeu pédiatrique majeur durant la période hivernale.
La bronchiolite provoque un gonflement des bronchioles qui, chez les nourrissons dont les voies respiratoires sont plus étroites, peut considérablement gêner le passage de l'air. L'infection débute par un rhume avec fièvre modérée, puis évolue vers une toux et une respiration rapide et sifflante. Le nourrisson peut alors avoir du mal à boire, manger et dormir. Il est important de consulter rapidement un médecin si l'enfant a du mal à respirer ou à téter.
Le traitement principal consiste à libérer les voies nasales par des lavages réguliers du nez et à fractionner les repas. Les antibiotiques sont rarement nécessaires. Des solutions préventives sont désormais disponibles : vaccination de la future maman en fin de grossesse ou administration directe d'anticorps à l’enfant, offrant une protection de 70 à 80% contre l’infection sévère. Les mesures d'hygiène restent essentielles : lavage des mains, aération des locaux, port du masque par les adultes enrhumés, restriction des contacts des nourrissons de moins de 3 mois.
C’est quoi la bronchiolite ? Marie-Anne Rameix-Welti, chercheuse à l'Institut Pasteur © Institut Pasteur
Les coronavirus : une famille virale en surveillance constante
La famille des coronavirus, largement médiatisée depuis l'émergence du SARS-CoV-2 responsable du Covid-19, comprend également des virus responsables d'infections respiratoires hivernales bénignes (rhumes communs). Toutefois, certains coronavirus peuvent provoquer des infections graves, comme l'ont démontré la pandémie de Covid de 2020-2021, et les épidémies de SARS en 2003 et de MERS depuis 2012. Ces virus font l'objet d'une surveillance continue, particulièrement dans un contexte de mobilité internationale et de risque d'émergence de nouveaux variants.
Qu’il s’agisse des virus grippaux touchant des millions de personnes chaque hiver, du VRS affectant particulièrement les nourrissons, ou des coronavirus aux profils variés, ces agents pathogènes témoignent de la grande diversité des virus hivernaux et de la nécessité d’une surveillance épidémiologique continue. Et cela, particulièrement dans un contexte de changement climatique (voir la priorité 2 de notre plan stratégique Pasteur 2030) pouvant modifier les dynamiques saisonnières, et de flux de populations favorisant la diffusion rapide des souches virales à l’échelle internationale.
La surveillance des virus respiratoires : le rôle de l’Institut PasteurL'Institut Pasteur, à travers son Centre National de Référence pour les virus des infections respiratoires, assure une mission essentielle de surveillance épidémiologique et virologique des virus hivernaux. Ce dispositif permet de suivre en temps réel la circulation des virus grippaux, du VRS (virus respiratoire syncytial) responsable de la bronchiolite, et des coronavirus, contribuant ainsi à l’alerte précoce et à l’adaptation des recommandations sanitaires durant la saison hivernale. Par ailleurs, le réseau RELAB suit, en temps réel, les virus respiratoires au sein de la population française (Covid-19, grippe et bronchiolite dans toutes les régions de France et pour les différentes classes d’âge de la population). RELAB est un réseau de surveillance basé sur les laboratoires de biologie médicale de ville. Enfin, en décembre 2025, pour mieux anticiper la dynamique de l’épidémie de grippe, l’Institut Pasteur et Santé publique France lancent un dispositif inédit de modélisation permettant de prévoir l’évolution de l’épidémie en France et d’anticiper son pic. |





