Les tests PCR sont actuellement le standard pour la détection du SARS-CoV-2. Ces tests sont fiables, mais leur complexité rend difficile leur utilisation en POCT (point of care testing), c’est-à-dire en dehors des laboratoires. Des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’ESPCI Paris-PSL ont mis au point Covidisc, un nouveau dispositif facilement transportable pour cet usage.
Depuis 2014, des chercheurs de l’Institut Pasteur collaborent avec une équipe de l’ESPCI. Leur projet est d’utiliser la biologie moléculaire pour développer un test de diagnostic qui détecte l’ARN viral, grâce à la capillarité du substrat poreux dans lequel les fluides sont gérés. Cette collaboration multidisciplinaire alliant ingénierie, physique et biologie a reçu le soutien de la ville de Paris, ainsi que de la fondation Bettencourt, le Fonds ESPCI Paris et la région Île-de-France.
Cette équipe a appliqué le fruit de ses recherches au diagnostic de la Covid-19. Le dispositif créé, sous forme de boîtier, est nommé Covidisc. Il est peu coûteux, simple et facilement transportable. Il est à la fois capable d’extraction de l’ARN, de l’amplifier grâce à une technologie appellée RT-LAMP (Loop-mediated isothermal Amplification) et permet la visualisation des résultats directement sur le boitier grâce à un dispositif à très bas coût. En effet, il existe deux disques de réactions, l’un devient fluorescent si le résultat est positif, et l’autre est un contrôle qui devient fluorescent pour montrer que la réaction est valide. Les résultats d’évaluation de prototypes de Covidisc sur des échantillons de patients montrent une efficacité de détection du virus aussi fiable que la détection en RT-qPCR de référence.
Le mécanisme d’utilisation de Covidisc. Crédits : Lisa Dehove/Institut Pasteur/ ESPCI
Ce dispositif pourrait faciliter le diagnostic de la Covid-19, que ce soit chez le médecin, sur les lieux de travail ou en pharmacie et ainsi faciliter la gestion de la pandémie. Elle pourrait notamment se substituer aux tests antigéniques qui détectent également le virus, mais avec une sensibilité qui laisse aujourd’hui encore des doutes aux patients obtenant un résultat négatif, sur le fait qu’ils ne sont effectivement pas porteurs. Cette technologie pourrait également être utilisée pour détecter d’autres pathogènes à l’avenir. Les équipes s’attèlent désormais à trouver des partenaires pour industrialiser et commercialiser le dispositif.
Source :
Performing point-of-care molecular testing for SARS-CoV-2 with RNA extraction and isothermal amplification, PlosOne, 11 Janvier 2021
Pierre Garneret1*, Etienne Coz1*, Elian Martin1, Jean-Claude Manuguerra2, Elodie Brient-Litzler2, Vincent Enouf2 , Daniel Felipe Gonza´lez Obando2 , JeanChristophe Olivo-Marin2 , Fabrice Monti1 , Sylvie van der Werf2, Jessica Vanhomwegen2 , Patrick Tabeling1*
1 ESPCI PSL, CBI, IPGG, Paris, France,
2 Institut Pasteur, Paris Cedex, France
* Ces auteurs ont contribué à part égal au travail
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.