Cette semaine de sensibilisation sur les antibiotiques (du 18 au 24 novembre 2019) est l’occasion de rappeler l’enjeu de santé publique que constitue l’antibiorésistance, la mobilisation de l’Institut Pasteur pour faire connaître l’importance de cet enjeu, et le travail de 60 équipes de recherche pasteurienne sur ce thème.
Le 18 novembre est la journée européenne de sensibilisation sur les antibiotiques et, du 18 au 24 novembre 2019, se tient la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Et, face à l’enjeu de l’antibiorésistance, « un changement de paradigme s’impose », comme l’a rappelé le Professeur Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur, lors d’une table ronde organisée à l’Institut Pasteur en septembre dernier. Cette rencontre abordait le contexte économique de la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Lord Jim O’Neill, économiste auteur d’un rapport, en mai 2016, qui a joué un rôle déterminant dans la prise de conscience politique de l’enjeu de la résistance aux agents antimicrobiens, y déclarait que « si la lutte contre la résistance aux antimicrobiens déterminait le montant des crédits octroyés aux pays, elle ferait l’objet d’une plus grande attention. » (lire le reportage du Journal de la Recherche)
L’efficacité des antibiotiques est menacée par la résistance au traitement
Les antibiotiques servent à lutter contre les infections dues à des bactéries : les pneumonies, bronchites, otites, méningites, infections urinaires, septicémies, maladies sexuellement transmissibles… C’est une des découvertes les plus importantes de la médecine qui a sauvé et qui sauve des millions de vies chaque année, mais leur efficacité est menacée car les bactéries peuvent s’adapter et résister au traitement (voir la fiche maladie Résistance aux antibiotiques de l’Institut Pasteur).
L’antibiorésistance, un axe scientifique prioritaire pour l’Institut Pasteur
Environ 700 000 personnes dans le monde meurent chaque année à cause de la résistance aux différents traitements antimicrobiens existants : infections bactériennes, dont la tuberculose, HIV, paludisme, infections par des champignons. Cet enjeu de santé est un sujet de grande préoccupation pour l’Institut Pasteur qui en a fait un des axes scientifiques prioritaires de son plan stratégique 2019-2023.
Tête à tête avec Stewart Cole : le plan stratégique de l'Institut Pasteur
L’Institut Pasteur mobilisé dans la lutte contre les résistances
- A l’Institut Pasteur, plus de 60 équipes, multidisciplinaires, étudient de nouvelles pistes pour lutter contre les résistances et pour la mise au point de nouveaux agents antimicrobiens. (lire le dossier de presse)
- Fin octobre 2019, l’équipe iGEM-Pasteur a participé pour la cinquième fois au concours international iGEM (international Genetically Engineered Machine), organisé par le Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis). Elle y a présenté son projet DIANE, DIAgnosis is Now Easier, un dispositif de diagnostic rapide et portable destiné à indiquer immédiatement aux médecins quelle est la bactérie à l’origine de l’infection à partir d’un échantillon de fluide humain (sang, crachats, urine). (lire l’actualité)
- Le 2 novembre 2019, le documentaire L’incroyable histoire des tueurs de bactéries a été diffusé sur Arte. Laurent Debarbieux, de l’unité de Biologie moléculaire du gène chez les extrêmophiles à l’Institut Pasteur, intervient au sein de ce film qui retrace l’histoire de la phagothérapie, une piste de traitement face à des bactéries de plus en plus résistantes. Ce documentaire est disponible en VOD sur Arte, jusqu’au 31 décembre 2019.
L’Institut Pasteur rencontre le public au festival Pariscience
Rendez-vous des passionnés de sciences et d’images, le festival Pariscience propose au grand public la projection gratuite d’une sélection des meilleurs documentaires scientifiques français et internationaux diffusés récemment. Le 28 octobre 2019, Philippe Glaser, responsable de l’unité Ecologie et évolution de la résistance aux antibiotiques à l’Institut Pasteur, a assisté à la projection du film Antibiotiques, la fin d’un miracle organisée dans le cadre de ce festival, puis a participé au débat avec la salle en présence de son réalisateur Michael Wech.
Réalisé sous la forme d’une enquête sur le phénomène de la résistance aux antibiotiques, le film de Michael Wech, très didactique, a remporté le Grand Prix AST- Ville de Paris. Le documentaire alarme sur la gravité de ce sujet encore mal perçu et désigne un coupable : l’élevage moderne et l’utilisation massive d’antibiotique.
Lors des échanges avec le public, Philippe Glaser a relativisé le rôle de l’agriculture et partagé sa vision plus optimiste de l’avenir : « L’action de Jim O’Neill (ancien secrétaire d’Etat britannique au commerce, économiste et auteur du rapport - cité plus haut - sur le sujet, qui intervient dans le film) a déjà porté ses fruits. Depuis 2016, plusieurs plans d’actions et plans de recherche ont été mis en œuvre pour lutter contre l’antibiorésistance. Dans plusieurs pays, en France notamment, il y a eu une diminution drastique de l’utilisation d’antibiotique en élevage depuis 2007 (- 46 % en 10 ans) et il existe déjà des mesures de surveillance et d’hygiène très strictes, à l’hôpital, pour limiter les éventuelles disséminations de bactéries résistantes. Mais pour lutter efficacement contre le phénomène de la résistance aux antibiotiques, il est nécessaire d’avoir une vision globale, mondiale ! ».
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Résistance aux agents antimicrobiens du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site