Zika : confirmation d’un lien de causalité entre le virus Zika et les syndromes de Guillain-Barré

Communiqué de presse
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Grâce à des données recueillies en Polynésie française, des chercheurs de l’Institut Pasteur, du Cnam, de l’Institut Louis Malardé, du Centre Hospitalier de Polynésie Française, et de l’AP-HP, viennent de montrer que l’infection par le virus Zika est bien à l’origine de l’augmentation des syndromes de Guillain-Barré, forme grave de paralysie des membres avec atteinte respiratoire, observée dans les pays où sévit l’épidémie. Ce travail a été publié dans la revue The Lancet le 1er mars 2016.

 

Le virus Zika, bien qu’isolé pour la première fois chez un primate en Ouganda en 1947, est resté longtemps peu connu de la communauté scientifique et médicale. Une première épidémie dans l’île de Yap en Micronésie en 2007 laissait entendre qu’il était bénin : la plupart des personnes infectées ne développaient pas de symptômes, et ceux qui étaient malades avaient tout au plus une fièvre, une éruption cutanée, et une conjonctivite qui disparaissaient en quelques jours. En 2013-2014, une nouvelle épidémie en Polynésie française s’était accompagnée d’une augmentation importante du nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré, une forme grave de paralysie des membres avec atteinte respiratoire nécessitant parfois un passage en soins intensifs. Le lien formel de causalité entre l’infection par le virus Zika et l’augmentation du nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré n’avait pourtant pas pu être démontré à l’époque. Depuis, le virus Zika a gagné l’Amérique Latine, où plusieurs pays signalent une augmentation du nombre de cas de syndrome de Guillain-Barré, et également une augmentation de naissances d’enfants atteints de microcéphalie pour lesquels se pose la question d’un lien de causalité avec une infection de la mère par le virus Zika pendant la grossesse. 

 

Le travail multidisciplinaire faisant intervenir des cliniciens, des épidémiologistes, des virologues et immunologistes, coordonné par le Professeur Arnaud Fontanet (Institut Pasteur / Cnam), responsable de l’unité Epidémiologies des maladies émergentes, et publié dans la revue The Lancet, a permis tout d’abord aux équipes de virologie de l’Institut Louis Malardé de confirmer la présence d’une infection récente par le virus Zika chez la totalité des patients atteints de syndrome de Guillain Barré, à l’époque de l’épidémie en Polynésie française. Les examens effectués au Centre Hospitalier de Polynésie française avec l’appui des équipes de l’hôpital la Pitié-Salpêtrière, AP-HP ont montré qu’il s’agissait d’une forme d’atteinte nerveuse dite axonale motrice aiguë, touchant directement le prolongement du neurone en direction des terminaisons nerveuses. Ces formes se différencient des atteintes plus classiquement observées en Europe. Pour 16 (38%) patients, un passage en réanimation a été nécessaire, notamment pour assistance respiratoire pendant la phase aiguë de la maladie. Une fois le cap critique passé, les patients ont plutôt bien récupéré, la moitié d’entre eux étant capables de marcher sans assistance après trois mois. Enfin, le risque de développer un syndrome de Guillain-Barré a été estimé à 2,4 pour 10 000 infections par le virus Zika, sachant que les deux tiers de la population de Polynésie française ont été infectés lors du passage de l’épidémie en 2013-2014.

Arnaud Fontanet - Institut Pasteur
 

Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Épidémiologies des maladies émergentes (Institut Pasteur / Cnam)

Ce travail est important car il permet de confirmer le rôle de l’infection par le virus Zika à l’origine de ces complications neurologiques graves que sont les syndromes de Guillain-Barré. Cela signifie que les régions touchées par l’épidémie de Zika doivent s’attendre à une augmentation importante du nombre de patients atteints de troubles neurologiques graves, et anticiper l’accueil de ces patients en réanimation quand il est possible de le faire.

 

 

Ces travaux ont été co-financés par les instituions citées ci-dessus ainsi que par le LabEx IBEID, le 7ème programme cadre européen, et le Wellcome Trust.

 

Aedes aegypti, moustique vecteur du zika - Institut Pasteur

Pour en savoir plus, consulter la fiche d'information Zika

 

 

 


Source

Guillain-Barré Syndrome outbreak caused by ZIKA virus infection in French Polynesia, The Lancet, 29 février 2016

Cao-Lormeau VM*1, Blake A*2, Mons S3, Lastere S4, Roche C1, Vanhomwegen J5,6, Dub T2, Baudouin L3, Teissier A1, Larre P7, Vial AL8, Decam C9, Choumet V6, Halstead SK10, Prof Willison HJ10, Musset L11, Manuguerra JC5,6, Prof Despres P12, Prof Fournier E13, Mallet HP8, Musso D1, Prof Fontanet A2,14,15* (corresponding author), Neil J11*, Ghawché F7*

* Ces auteurs ont contribué équitablement.

 

1 Unit of Emerging Infectious Diseases, Institut Louis Malardé, Papeete, Tahiti, French Polynesia

2 Institut Pasteur, Emerging Diseases Epidemiology Unit, Paris, France.

3 Service de réanimation polyvalente, Centre Hospitalier de Polynésie française, Tahiti, French Polynesia

4 Clinical laboratory, Centre Hospitalier de Polynésie française, Tahiti, French Polynesia

5 Institut Pasteur, Laboratory for Urgent Responses to Biological Threats, Paris, France

6 Unit Environment and Infectious Risks, Institut Pasteur, Paris, France.

7 Service de neurologie, Centre Hospitalier de Polynésie française, 98713 Papeete, Tahiti, Polynésie française.

8 Direction de la santé, Bureau de Veille Sanitaire, Papeete, French Polynesia.

9 Service de santé des forces armées, French Polynesia

10 Institute of Infection, Immunity and Inflammation, College of Medical, Veterinary and Life Sciences, University of Glasgow, UK

11 Department of Immunology, Laboratory of Immunochemistry & Autoimmunity, Pitié-Salpêtrière Hospital (AP-HP), Paris, France.

12 UMR 134 PIMIT, University of Reunion island, INSERM U1187, CNRS 9192, IRD 249, La Reunion, 97491, France

13 Département de Neurophysiologie, Pitié-Salpêtrière Hospital (AP-HP), Paris, France

14 Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, France

15 Institut Pasteur, Centre for Global Health Research and Education, Paris, France

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