SIDA : nouvelles perspectives pour le développement d'un vaccin

Communiqué de presse
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L'équipe d'Ara Hovanessian (CNRS-Institut Pasteur)* en collaboration avec l'équipe de Sylviane Muller (CNRS)** a obtenu avec succès des anticorps fabriqués chez le lapin capables de bloquer in vitro l'infection de lymphocytes T humains par différentes souches du virus du SIDA, le VIH-1. C'est la première fois que des anticorps dirigés contre une protéine d'enveloppe du VIH-1 présentent une réactivité avec différents isolats de virus testés. Ces résultats, publiés dans la revue Immunity du 16 novembre 2004, ouvrent des perspectives intéressantes pour le développement d'un vaccin contre le SIDA.

 

 

Communiqué de presse
Paris, le 17 novembre 2004
 

 

Vingt ans après l’identification du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), la pandémie du SIDA constitue toujours l’un des défis majeurs de santé publique à l’échelle mondiale. Le besoin d’un vaccin dirigé contre le VIH est donc plus que jamais nécessaire.

L’équipe d’Ara Hovanessian (CNRS-Institut Pasteur), en collaboration avec l’équipe de Sylviane Muller (CNRS), a identifié un domaine dans la glycoprotéine gp41 de l’enveloppe du VIH responsable de l’interaction avec la Cavéoline. La Cavéoline est une protéine de la membrane cellulaire qui, en association avec d’autres constituants de la membrane, forme une plate-forme impliquée dans l’interaction puis l’internalisation d’éléments externes, comme des virus par exemple. Ce domaine de gp41, nommé CBD1, pour " Caveolin-1 Binding Domain ", pourrait donc jouer un rôle important au cours de l’infection des cellules par le VIH.

Le domaine CBD1 est conservé dans chacune des souches du VIH isolées à ce jour. Des peptides correspondant à ce domaine (peptides CBD1) ont été synthétisés. Les sérums de lapins immunisés contre ces peptides ont la capacité d’inhiber, in vitro, l’infection de lymphocytes T CD4+ humains, par des isolats primaires du VIH-1 appartenant aux différents sous-types viraux. Les anticorps anti-CBD1 agissent à deux niveaux : d’une part, ils inhibent l’infection de cellules par le VIH et d’autre part, sur des cellules déjà infectées, ils conduisent à la production de virus défectifs (incapables d’infecter d’autres cellules). Ceci démontre que le domaine CBD1 peut être utilisé comme une cible privilégiée pour le développement d’une réaction immunitaire efficace.

Il est intéressant de noter que les patients infectés par le VIH-1 possèdent peu ou pas d’anticorps dirigés contre le domaine CBD1 (travail effectué en collaboration avec Claude Desgranges, Inserm, Hôpital St Louis) qui est probablement masqué dans la particule virale, in vivo. Ce domaine est cependant bien reconnu par les anticorps générés après immunisation avec le peptide CBD1 synthétique, qui lui même n’est pas masqué.

Ainsi, le peptide synthétique CBD1 apparaît plus immunogène (inducteur d’anticorps) que le domaine CBD1 naturellement présent dans gp41. La présence d’anticorps anti-CBD1 chez certains patients suggère néanmoins que le domaine CBD1 est immunogène chez l’homme. De ce fait, les peptides CBD1 synthétiques pourraient induire une production d’anticorps neutralisants, après administration à des individus sains ou porteurs du VIH.

L’un des défis de la recherche vaccinale dans le domaine du SIDA est d’induire une réponse immune conduisant à la production d’anticorps neutralisants, afin d’inhiber l’infection de nouvelles cellules, et par voie de conséquence, de réduire le nombre de particules virales (la charge virale) et le nombre de cellules infectées de façon latente dans les différents réservoirs du virus au niveau de l’organisme. L’activité inhibitrice des anticorps anti-CBD1 contre l’infection de lymphocytes T CD4+ par différents isolats de VIH-1, associée à la conservation du domaine CBD1 parmi les différents isolats viraux, suggère que le peptide CBD1 constitue une bonne source pour l’induction d’une réponse immune protectrice (production d’anticorps neutralisants). Le peptide CBD1 pourrait donc être utilisé comme l’un des éléments d’un vaccin prophylactique en association avec d’autres préparations vaccinales induisant une réponse immune humorale (production d’anticorps) et/ou une réponse immune cellulaire (stimulation de cellules " tueuses " cytotoxiques). Par ailleurs, du fait de l’absence d’anticorps naturels chez la majorité des patients séropositifs, le peptide CBD1 pourrait également avoir une application comme vaccin thérapeutique.

* Laboratoire Régulation de la transcription et maladies génétiques, CNRS-Université Paris 5, Paris.
** Laboratoire Immunologie et chimie thérapeutique, CNRS, Strasbourg.

Sources

The Caveolin-1 Binding Domain of HIV-1 Glycoprotein gp41 is an Efficient B-cell Epitope Vaccine Candidate Against Virus Infection, Ara G. Hovanessian (1,4), Jean-Paul Briand (2), Elias A. Said (1,4), Josette Svab (1,4), Stephane Ferris (1), Hayet Dali (2), Sylviane Muller (2), Claude Desgranges (3,4) & Bernard Krust (1,4)

1Unité de Virologie et Immunologie Cellulaire, CNRS-Institut Pasteur, Paris
2Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, CNRS, Strasbourg.
3Institut de Génétique Moléculaire, INSERM, Hopital Saint-Louis, Paris.
4Adresse actuelle : UPR 2228 CNRS, UFR Biomédicale des Saints-Pères, 45 rue des Saints-Pères, 75270 Paris Cedex 6

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