Méningites : l’Institut Pasteur s’engage aux côtés du collectif « Ensemble contre les méningites »

Le collectif « Ensemble contre les méningites » a présenté, lors d’un point presse à l’Institut Pasteur, le 3 octobre 2019, ses recommandations pour répondre aux enjeux de santé publique des méningites bactériennes en France. Objectifs : mieux informer, mieux prévenir et mieux accompagner les personnes souffrant de méningites et leur entourage. L’occasion ici de rappeler les signes et symptômes des méningites, ainsi que l’importance et l’efficacité de la vaccination. Rappelons que la journée nationale de lutte contre la méningite se tient le 5 octobre.

Les méningites bactériennes sont des infections graves et foudroyantes (lire la fiche maladie de l’Institut Pasteur). Imprévisibles, elles peuvent toucher à tout âge, même des personnes en bonne santé. Leurs conséquences sont souvent dramatiques, avec des séquelles handicapantes dans 20% des cas. Non traitées, elles aboutissent au décès dans 100 % des cas. Leur diagnostic étant particulièrement complexe, la prévention vaccinale est donc capitale.
Pour toutes ces raisons, recherche, information et prévention sont les maîtres-mots de la mobilisation contre les méningites. Le 3 octobre 2019, un point presse à l’Institut Pasteur, suivi d’un colloque sous le haut patronage du ministère des Solidarités et de la Santé, ont permis de faire le point sur les méningites grâce aux experts présents. « On parle bien des méningites et non de la méningite ! », a rappelé le Dr Muhamed-Kheir Taha, chercheur à l’Institut Pasteur, responsable de l’unité Infections bactériennes invasives et du CNR Méningocoques et Haemophilus influenzae. « Les méningites sont des inflammations des méninges - membranes qui enveloppent le système nerveux central : cerveau et moelle épinière -. Elles peuvent être d’origines virales, elles sont alors plus fréquentes et bénignes dans la grande majorité des cas. Elles peuvent aussi être d’origines bactériennes et sont alors plus rares et très graves, voire mortelles. »
Cette journée d’information a permis de rappeler les progrès dans la connaissance de cette pathologie et les besoins de faire connaître les enjeux de prévention, de diagnostic et de traitement. Elle était pilotée par le collectif « Ensemble contre les méningites », composé à l’origine des associations « Petit Ange - Ensemble contre les méningites » et « Méningites France - Association Audrey ». Ce collectif est soutenu par l’Institut Pasteur, la mutuelle Unéo et le laboratoire GSK.
Méningites : un collectif mobilisé
Au cours du point presse, Olivier Schwartz, directeur scientifique de l’Institut Pasteur a rappelé l’importance pour l’Institut Pasteur de « travailler avec les associations de patients pour atteindre ces objectifs de prévention, de traitement et d’information. » Le collectif a pu faire part d’un socle de propositions visant à faire baisser l’incidence des méningites bactériennes et à améliorer les conditions de prise en charge. A cet effet, il a présenté son manifeste « Pour vaincre les méningites » portant des messages-clés, notamment trois enjeux principaux :
- Mieux prévenir les méningites bactériennes : sensibilisation des adolescents et jeunes adultes à la vaccination, extension des recommandations concernant la vaccination, amélioration des campagnes de prévention…
- Mieux informer la population générale et les professionnels de santé, sans oublier les services d’urgence sur les méningites : renforcer la formation initiale des soignants, mise en œuvre de campagne d’information, mettre à jour les procédures du SAMU…
- Mieux accompagner les patients survivants et leurs familles : structure des dispositifs d’accompagnement du deuil, simplifier les procédures liées au handicap, créer un registre pour référencer les personnes touchées…
Téléchargez le manifeste complet
Muhamed-Kheir Taha, de l’Institut Pasteur, a rappelé l’importance de « comprendre la maladie, via une recherche fondamentale pointue, de la surveiller pour détecter d’éventuels foyers épidémiques », et de transmettre l’ensemble des savoirs scientifiques après des autorités publiques et des familles. « Les connaissances scientifiques autour des méningites ont beaucoup progressé et le fruit de ce travail peut permettre de mieux diagnostiquer, de mettre en place des stratégies vaccinales adaptées, et d’informer les patients et leurs proches. » Le chercheur souligne aussi que l’Organisation mondiale de la santé a lancé depuis plusieurs mois un projet mondial pour « vaincre la méningite à l’horizon 2030 », dans lequel s’inscrit cette mobilisation.

Dr Muhamed-Kheir Taha, responsable de l’unité Infections bactériennes invasives et du CNR Méningocoques et Haemophilus influenzae.
Les connaissances scientifiques autour des méningites ont beaucoup progressé.
Méningites : signes et symptômes
Les conséquences d’une méningite peuvent être graves et irréversibles. Reconnaître les symptômes et agir vite est donc crucial, d’autant que les méningites sont imprévisibles ; elles peuvent toucher tout le monde. A ce sujet, le manque d’information est criant : « C’est le manque d’information et l’ignorance qui ont fait qu’une bactérie a tué ma fille âgée de 12 ans en 1999 », explique Jimmy Voisine, président de Méningites France - association Audrey. « Les signes connus à l’époque étaient ceux de la phase terminale de la méningite. » En 20 ans, d’immenses progrès ont été réalisés dans l’identification des signes précoces et pourtant ces derniers restent méconnus. Les voici :
- Les premiers symptômes sont non spécifiques (fièvre, vomissements, maux de tête), évoquant une grippe ou une gastroentérite. Si, dans les premières heures, les premiers signes sont trompeurs, un comportement doit toutefois alerter : « l’enfant n’est pas comme d’habitude ».
- Il existe aussi des symptômes plus particuliers, qui doivent alerter, comme une sensibilité à la lumière, une raideur de la nuque, des extrémités froides. Ces autres symptômes apparaissent dans un second temps, mais pas forcément tous, ni dans un ordre particulier, ce qui peut être trompeur, surtout chez les nourrissons (voir l’infographie ci-dessous).

Dans tous les cas, si des tâches rouges ou violacées apparaissent sur de la peau, avec une persistance de ces tâches lorsque l’on appuie dessus, c’est le signe d’un purpura fulminans. Notons que ce signe avant-coureur peut être repéré sur les muqueuses (bouche, par exemple) chez des enfants à la peau noire.
Dans tous les cas, ce symptôme signe une urgence absolue, et doit orienter le plus rapidement possible vers le SAMU en appelant le 15 ou les urgences les plus proches.
« Il est important de se fier à son instinct, car un enfant qui n’est pas comme d’habitude peut être un véritable signal d’alerte », souligne Patricia Merhant-Sorel, présidente de l’association Petit Ange - Ensemble contre les méningites.
Méningites : l’urgence de la prise en charge
Face aux méningites bactériennes, la rapidité de la prise en charge est essentielle. En effet, pour les formes les plus foudroyantes (méningocoques, pneumocoques), la maladie évolue très vite et peut mener au décès dans les 24 heures après la survenue des premiers symptômes. Sauver le malade est une question d’heures. Dès les premiers signes inquiétants, il est urgent de consulter un médecin et de le tenir informé de l’évolution des symptômes.
Le diagnostic biologique sera effectué à l’hôpital, via une ponction lombaire. Un traitement adapté permettra de guérir le malade s’il est mis en œuvre à temps. Un traitement est également mis en place dans l’entourage du malade.
La vaccination, seul moyen de prévention des méningites
« La prévention par la vaccination est le seul moyen pour lutter contre les méningites bactériennes », pose Muhamed-Kheir Taha, de l’Institut Pasteur, « d’autant que leur diagnostic est complexe et leur évolution rapide. » Parmi les 11 vaccins obligatoires établis aujourd’hui pour le nourrisson, trois des quatre méningites bactériennes les plus prédominantes chez l’enfant sont couvertes.
« L’exemple de la vaccination contre le méningocoque C montre bien l’efficacité de l’obligation vaccinale pour améliorer la couverture des populations. Le vaccin contre le méningocoque C a été introduit et recommandé en France en 2010, dans le cadre d’une stratégie de prévention généralisée, c’est-à-dire pour tous les enfants à l’âge d’un an, avec un rattrapage possible jusqu’à 24 ans », reprend le Pr Joël Gaudelus (université Paris XIII, ancien chef du service de pédiatrie au CHU Jean-Verdier à Bondy), qui s’est exprimé lors du colloque organisé le 3 octobre 2019 au ministère chargé de la santé. « En 2010, la stratégie vaccinale n’a pas fonctionné, la couverture chez les 16-24 ans était trop faible - autour de 35 % -. Aux Pays-Bas, avec 97 % d’adolescents vaccinés, le vaccin contre le méningocoque C s’est révélé efficace ! C’est l’obligation vaccinale, entrée en vigueur au 1er janvier 2018 en France, qui a fait chuter la survenue de ce type de méningite. » (lire notre article Vaccins : une assurance-vie pour l’humanité).
Fin septembre 2019, en regardant les chiffres épidémiologiques depuis le début de l’année, un seul cas de méningite à méningocoque C a été observé en France chez les enfants de moins d’un an : un enfant âgé de 2 mois, non encore vacciné. Ce chiffre a été confirmé par Muhamed-Kheir Taha, à la tête du Centre national de référence à l’Institut Pasteur, centre qui est chargé de l’expertise des souches isolées en France et de leur sensibilité aux antibiotiques. Le CNR participe aussi activement à l’élaboration des stratégies vaccinales contre les infections invasives à méningocoque en France.
Magali Guégan, adjointe à la sous-directrice Santé des populations et prévention des maladies chroniques, au sein du ministère chargé de la santé, rappelle le challenge de faire comprendre l’intérêt de vaccination, un défi qui semble en voie d’être relevé depuis la mise en place de l’obligation vaccinale, d’après un récent sondage (voir Les Français majoritairement favorables à la vaccination – Ipsos). S’adressant aux associations « Petit Ange - Ensemble contre les méningites » et « Méningites France - Association Audrey », ce 3 octobre 2019, Magali Guégan a tenu à les « remercier de leur (votre) soutien faille, plus particulièrement dans la mise en place de l’obligation vaccinale auprès des enfants et des nourrissons. »
Un vaccin contre les méningites B (80 % des cas de méningites à méningocoques chez le nourrisson) est également disponible. Il n’est pas (encore) recommandé mais la Haute autorité de santé entamerait des travaux pour étudier la possibilité d’une recommandation de ce vaccin en France. Au Royaume-Uni, ce vaccin a d’ores et déjà permis de contrôle ce type de méningite.

Bactéries Neisseria meningitidis adhérant à la surface de cellules épithéliales. Les diplocoques sont enchevêtrés dans des microvillosités d'origine cellulaires.
Crédit : Institut Pasteur/Perrine Bomme, Plate-Forme Microscopie Ultrastructurale, Guillaume Duménil, INSERM U970, Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire, HEGP - Colorisation Jean-Marc Panaud.
Information, vaccination et stratégie de santé publique
En résumé, les méningites sont imprévisibles. Les messages de prévention et de diagnostic doivent être donc promus « auprès du grand public et des professionnels de santé (en particulier les services d’urgence, ou la médecine scolaire) », ont martelé les deux associations du collectif.
« L’étude de l’épidémiologie de la maladie est essentielle à sa meilleure compréhension », a également insisté Muhamed-Kheir Taha de l’Institut Pasteur, ajoutant que « la stratégie vaccinale se révèle très efficace lorsqu’elle permet de couvrir une part importante de la population ; cette stratégie de santé publique doit pouvoir s’appuyer sur les connaissances en épidémiologie. »
Un livret de prévention sur 13 maladies bactériennes, dont les méningites
Qu’est-ce que la maladie ? Comment se transmet-elle ? Comment la prévenir ? Pour répondre à ces questions, l’association « Méningites France - Association Audrey » a réalisé un livret de prévention sur 13 maladies bactériennes, dont les méningites. Ce livret a pu être réalisé avec le CHU d’Angers et l’Institut Pasteur, et validée par l’agence Santé publique France.
Téléchargez le livret de prévention « Infections virales et bactériennes, mieux les connaître pour les prévenir »