La maladie de Verneuil est une maladie dermatologique qui provoque des abcès douloureux dans les plis du corps. Il existe trois stades de la maladie. Un nouvel essai clinique, nommé ABCESS2, vient d’être lancé pour un traitement du stade 2 de la maladie de Verneuil. Un essai porté par l’Institut Pasteur.
Retour, en vidéo, sur les causes, symptômes et traitement de la maladie de Verneuil. Crédit : Jeanne Fenouil / Institut Pasteur
La maladie de Verneuil, ou hidrosadénite suppurée (HS), est une maladie qui toucherait 1% de la population mondiale. Les causes de cette maladie sont multifactorielles incluant des facteurs génétiques, immunitaires et microbiologiques. Les personnes souffrant de la maladie de Verneuil peuvent développer des troubles dépressifs et ont une qualité de vie diminuée. La maladie impacte non seulement leur moral avec une diminution de leur confiance en eux, mais également leur milieu social. En effet, les épisodes chroniques peuvent entrainer des arrêts d’études ou de travail.
À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement définitif pour cette maladie. Certains antibiotiques, des biothérapies ou encore la chirurgie des lésions permettent de contrôler les poussées, mais un traitement d’entretien en continu semble incontournable pour éviter les rechutes.
Lancement d’un essai prometteur contre le stade 2 de l’hidrosadénite suppurée
C’est pourquoi un essai thérapeutique porté par les Docteurs Maïa Delage et Aude Nassif, deux dermatologues exerçant au centre médical de l’Institut Pasteur, va être lancé ce mois-ci. L’essai a été ouvert en mai 2024, ce qui a permis de présélectionner déjà patients en région parisienne.
L’approvisionnement en traitement antibiotique est désormais réglé pour lancer cet essai clinique, qui engage plusieurs équipes de l’Institut Pasteur* et implique des hôpitaux français tels que l’hôpital Saint Joseph à Paris, l’hôpital de la Timone à Marseille ou encore le CHU de Rouen. D’autres centres seront également ouverts en France.
Cet essai fait suite à une découverte en 2007 et 2008 qui a permis d’isoler et d’identifier les bactéries présentes dans les lésions. Cette identification faite par l’équipe du Pr Join-Lambert assisté des Dr Maïa Delage et Aude Nassif n’avait jamais été effectuée auparavant. Jusqu’alors, la maladie de Verneuil était considérée depuis de nombreuses années comme une maladie purement inflammatoire et sans solution thérapeutique.
L’étude nommée ABCESS2 se concentre sur une nouvelle stratégie pour traiter les patients de stade 2 de la maladie de Verneuil. « L’objectif de cette étude est de démontrer l’efficacité d’une combinaison d’antibiotiques » explique Maïa Delage. Quatre antibiotiques formeraient un cocktail efficace contre cette maladie (ceftriaxone, rifampicine, moxifloxacine et métronidazole).
*INVOLvE : cette entité a pour mission de réaliser des activités d’investigation clinique afin de permettre aux équipes scientifiques de l’Institut Pasteur ou des collaborateurs de mener à bien des recherches en biologie et santé humaine. INVOLvE assure ainsi à la fois le rôle de centre investigateur assurant la prise en charge de participants aux recherches et celui de plateforme interagissant étroitement avec des équipes scientifiques.
*PC-RC : le pôle de coordination de la recherche clinique accompagne les scientifiques dans leurs projets impliquant des sujets sains ou des patients et assure leur conformité sur les plans éthique et réglementaire.
Une évaluation d’efficacité multiple contre la maladie de Verneuil
« L’efficacité sera mesurée à différents niveaux. Nous évaluerons l’efficacité clinique et microbiologique en regardant si les lésions diminuent et disparaissent. Mais également, nous serons attentifs à l’efficacité du traitement sur la qualité de vie du patient. Le recours à des traitements supplémentaires ainsi que les rechutes après rémission font partie intégrante de l’évaluation » ajoute Maïa Delage.
Si l’efficacité est prouvée, une homogénéisation des traitements et de nouvelles recommandations pourront être mises en place. La prise en charge des patients de stade 2 de la maladie de Verneuil sera donc améliorée.
Cette mesure d’efficacité est évaluée en toute impartialité et rigueur scientifique, grâce à la méconnaissance du traitement attribué à chaque patient. En effet, un tirage au sort permettra de délivrer aux patients soit un traitement de référence, soit le traitement de l’étude. Ni le médecin, ni le patient ne connaitront cette attribution. « Cette méthode est nécessaire pour évaluer l’efficacité du traitement de façon objective » commente Aude Nassif.
Une avancée dans la prise en charge des patients atteints d’hidrosadénite suppurée
L’essai a besoin de recruter 92 patients traités dans six centres en France, dont 46 patients à l’Institut Pasteur. Le suivi du traitement durera 12 mois avec au total sept visites assurées par un médecin.
À la suite de l’étude ABCESS2, les résultats de l’essai seront dévoilés d’ici 2028. Si les résultats démontrent une disparition des symptômes de l’hidrosadénite suppurée, cette nouvelle combinaison d’antibiotiques offrirait une nouvelle option thérapeutique pour cette maladie extrêmement invalidante.