Traitement de la leishmaniose cutanée

Communiqué de presse
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Un partenariat de recherche international entre la Tunisie, la France et les États-Unis a mis en évidence un taux de guérison élevé et remarquablement peu d'effets secondaires dans le traitement par une crème antibiotique de patients atteints de leishmaniose cutanée (LC). La LC est une maladie parasitaire qui provoque des plaies inesthétiques laissant des marques indélébiles. Elle affecte 1,5 millions de personnes dans le monde chaque année, notamment les personnes les plus défavorisées des pays en voie de développement, et touche en particulier les enfants. Les résultats de l'étude menée par l'Institut Pasteur de Tunis, l'Institut Pasteur à Paris et des chercheurs en médecine aux États-Unis ont été publiés aujourd'hui dans le New England Journal of Medicine.

 

Communiqué de presse
Tunis, le 7 février 2013

 

 
 

« Une crème sûre, efficace et d'utilisation simple pourrait transformer le traitement de la leishmaniose cutanée dans le monde. » explique le Professeur Afif Ben Salah, principal investigateur de l'étude menée en Tunisie et Directeur du Service d'épidémiologie médicale à l'Institut Pasteur de Tunis
 
L'étude portant sur 375 patients a été menée par l'Institut Pasteur de Tunis en partenariat avec le Ministère tunisien de la santé, l'Institut Pasteur à Paris et la Direction de la recherche médicale et du matériel médical de l'Armée des États-Unis (USAMRMC).

La crème qui contient deux antibiotiques (15% de paromomycine et 0,5% de gentamicine) a guéri les lésions initiales de 81% des patients ayant participé à l’étude clinique. La guérison de la maladie est marquée par la fermeture de la plaie, la réapparition de peau normale et l’absence de rechute. Les effets indésirables rapportés étaient d'intensité légère ou modérée et les réactions signalées étaient mineures et limitées à la zone d’application.
 
Les traitements actuels contre la Leishmaniose cutanée, à base de sels d'antimoine, contiennent des métaux lourds toxiques qui doivent être administrés par injections générales ou directement dans la lésion. En raison de cette toxicité, de nombreux professionnels de santé hésitent à les utiliser pour traiter cette maladie. Pour recevoir le traitement par voie générale sous supervision médicale, les personnes atteintes de Leishmaniose cutanée restent parfois éloignées de leur domicile et sont dans l’incapacité de travailler pendant plusieurs semaines. Les professionnels de santé publique des pays en voie de développement voient des patients recourir à des remèdes domestiques comme brûler les lésions avec de l'acide de batterie ou des machettes chauffées au rouge, plutôt que d'avoir recours à des traitements médicaux douloureux et coûteux. Ces remèdes domestiques peuvent aggraver les cicatrices.
 
« La facilité avec laquelle le traitement peut être administré signifie que les patients pourraient avoir plus facilement accès aux soins dans les structures de santé de base ou dans les écoles » dit le Dr. Zaher El Ahmadi, de la Direction régionale du Ministère tunisien de la santé à Sidi Bouzid, où l'essai clinique a été mené.
 
Cette nouvelle crème antibiotique peut devenir le premier traitement administré. Les patients peuvent l’appliquer eux-mêmes.
« La LC n'est pas une maladie mortelle et c'est pourquoi elle a reçu très peu d'attention de la part de la communauté scientifique, » a déclaré le Professeur Hechmi Louzir, Directeur de l'Institut Pasteur de Tunis. « Pourtant, la LC a des effets qui perdurent. Pour de nombreux patients, les cicatrices génèrent une stigmatisation sociale très prolongée au travail ou à l'école. L’impact négatif est particulièrement marqué pour les femmes et les jeunes enfants»

Les chercheurs de l'USAMRMC, de l'Institut Pasteur de Tunis et de l’Institut Pasteur à Paris ont formé un partenariat il y a 10 ans autour du besoin commun de trouver de meilleurs traitements contre la Leishmaniose cutanée. En Tunisie, où l'essai clinique de phase III a été mené, jusqu'à 10 000 nouveaux cas sont signalés chaque année et plus de la moitié d'entre eux concernent des enfants. La maladie affecte également des immigrants et des voyageurs en Europe.
« Ces résultats prometteurs montrent que nous sommes plus proches que jamais de mettre entre les mains des patients qui en ont besoin des traitements simples et non toxiques, » précise Pierre Buffet de l'Institut Pasteur à Paris et de l'Université Pierre et Marie Curie.
L'Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a désigné cette crème antibiotique comme pouvant bénéficier de la procédure accélérée d'évaluation (Fast Track), étant donné le statut de maladie négligée de la Leishmaniose cutanée. Le programme Fast Track de la FDA est une procédure conçue pour faciliter le développement et accélérer l'évaluation de nouveaux médicaments visant à traiter des maladies graves ou menaçant la vie, et ayant le potentiel de répondre à des besoins médicaux non satisfaits. Le partenariat de recherche international travaille activement avec la FDA pour appuyer cette évaluation. Des études supplémentaires sont également en cours de planification en Amérique latine afin d'explorer l'efficacité de la crème à usage local pour le traitement d'espèces parasitaires de l'hémisphère occidental.
 

L'Institut Pasteur de Tunis

L'Institut Pasteur de Tunis (IPT) est un institut de recherche en santé publique sous la tutelle du ministère tunisien de la Santé. Il a pour mission de mener toutes les investigations, missions, analyses et activités de recherche se rapportant à la santé humaine et animale. L'IPT produit des vaccins, des sérums pour les besoins locaux. Il contribue à l'enseignement supérieur aussi bien au niveau national que régional et est affilié à l'Université de Tunis El Manar. L'IPT est internationalement reconnu et collabore avec plusieurs institutions scientifiques étrangères. Il est également membre du réseau international des Instituts Pasteur, qui comprend 32 instituts à travers le monde.
 

Expertise de l'IPT dans le domaine des leishmanioses

L'IPT est un centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche et la formation sur les leishmanioses. Trois laboratoires de recherche travaillent sur cette maladie dans les domaines de l'épidémiologie, de l'immunologie et de la biologie moléculaire dans le cadre de projets de recherche financés par des agences internationales. L'IPT accueille un Centre de recherche en médecine tropicale dans le domaine des leishmanioses financé par les Instituts de Santé Américains (NIH) et détient également plusieurs technologies brevetées licenciables dans le domaine des leishmanioses.
www.pasteur.tn
 

L'Institut Pasteur à Paris

Centre de recherche biomédicale de renommée internationale, l’Institut Pasteur créé en 1887 par Louis Pasteur, est une fondation privée reconnue d’utilité publique. Il a pour mission de contribuer à la prévention et à la lutte contre les maladies, en France et dans le monde, par la recherche scientifique et médicale, l’enseignement et des actions de santé publique. Près de 2600 personnes travaillent sur son campus à Paris. Parallèlement à des recherches sur le fonctionnement du vivant, une grande partie de ses travaux sont consacrés à l’étude des maladies infectieuses, de maladies génétiques, neuro-dégénératives ou de certains cancers. L’Institut Pasteur est au cœur d’un Réseau international qui regroupe 32 instituts sur les 5 continents. Depuis sa création, 10 chercheurs ont reçu le Prix Nobel de Médecine.
www.pasteur.fr

 
L'USAMRMC

Le Commandement médical et matériel de l'Armée des États-Unis (USARMC) a pour missions la recherche clinique, le développement, les acquisitions et la gestion de la logistique médicale. Le Commandement est basé à Fort Detrick, MD, et comporte 12 commandements subordonnés et 6 agences répartis à travers le monde.

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Illustration - Copyright Institut Pasteur
Légende - Coupe de macrophage infecté par Leishmania

Contacts

Hichem Ben Hassine

Communication officer
Institut Pasteur de Tunis
(+216) 71 789 608
hichem.benhassine@pasteur.rns.tn
 
Nadine Peyrolo
Press office
Institut Pasteur – Paris
(+33) 1 45 68 81 47
presse@pasteur.fr

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