Fièvre du Nil occidental : Un candidat-vaccin contre le virus West Nile

Communiqué de presse
|

Des chercheurs de l'Institut Pasteur viennent de démontrer l'efficacité chez l'animal d'un candidat-vaccin contre la fièvre du Nil occidental (West Nile). Leurs résultats sont publiés dans Journal of Infectious Diseases. Transmis par des moustiques, responsable chez l'homme d'encéphalites virales graves, le virus West Nile est particulièrement inquiétant de par son émergence récente sur le continent Nord Américain : depuis 2002, plus de 13000 cas dont 500 décès ont été recensés aux Etats-Unis. Ce virus est également sous haute surveillance en France, notamment en Camargue où des infections chez les chevaux sont apparues en 2000.

 

 

Communiqué de presse
Paris, le 6 janvier 2005

 

 

Les équipes de l’Institut Pasteur, menées par Frédéric Tangy (Unité des Virus Lents) et Philippe Desprès (Unité des Interactions Moléculaires Flavivirus-Hôtes) ont mis au point un candidat-vaccin contre l’infection par le virus West Nile en utilisant une souche vaccinale recombinante du virus de la rougeole : l’antigène protecteur du virus West Nile (protéine d’enveloppe E) est en effet produit par la souche vaccinale Schwarz du virus de la rougeole, qui est le vaccin vivant pédriatrique contre la rougeole le plus communément utilisé dans le monde et dont l’efficacité et l’innocuité sont prouvées depuis des décennies.

Dans un modèle d’infection expérimentale par le virus West Nile, les animaux vaccinés par ce vaccin "mixte" rougeole/West Nile sont totalement protégés contre une dose mortelle du virus West Nile. A l’inverse, tous les animaux témoins décèdent rapidement d’une encéphalite virale.

Ce résultat est doublement important pour les scientifiques. Au-delà de l’intérêt de disposer dès à présent d’un vaccin candidat contre la fièvre du Nil occidental, il conforte les recherches visant à utiliser le vaccin de la rougeole comme un nouveau vecteur performant et inoffensif : ce vecteur, une fois "recombiné", permet de conférer simultanément une immunité protectrice contre la rougeole - une maladie prioritaire en termes de santé publique, principalement dans le pays en voie de développement -, et contre un autre agent pathogène émergent d’intérêt médical. Les chercheurs de l’Institut Pasteur développent en effet actuellement des vaccins recombinants rougeole d’une part contre le VIH/SIDA et d’autre part, contre la dengue, l’encéphalite japonaise et la fièvre jaune qui sont des maladies humaines mortelles provoquées par des virus apparentés au virus West Nile.

Le virus West Nile (du nom d’un district en Ouganda où il a été isolé pour la première fois en 1937 chez l’homme) est transmis par des moustiques du genre Culex. L’infection se caractérise par la survenue brutale d’une fièvre importante après 3 à 6 jours d’incubation, qui peut déboucher dans environ 15% des cas sur des complications graves : méningites, encéphalites, hépatites, pancréatites ou myocardites. Généralement, le malade récupère spontanément, parfois avec séquelles. Mais la maladie peut s’avérer fatale chez des personnes âgées, et parfois chez de jeunes enfants.

Aujourd’hui considéré comme le plus répandu des "flavivirus" après le virus de la dengue, ce virus touche l’homme de façon sporadique ou épidémique. Des cas humains de fièvre à virus West Nile ont été rapportés en Afrique, au Moyen-Orient, en Inde, en Europe, et plus récemment sur le continent américain, où une première épidémie s’est déclarée dans la ville de New York en 1999. Il s’est depuis largement répandu aux Etats-Unis (9862 cas et 264 décès en 2003), où sa présence est actuellement détectée dans une quarantaine d’états, et touche également le Canada et le Mexique. En France*, des cas d’infection sont apparus chez des chevaux en Camargue en 2000, et un cas humain a été recensé en 2003 dans le Var.

* Le virus West Nile est surveillé en France par le Centre National de Référence des Arbovirus et Virus des Fièvres Hémorragiques de l’Institut Pasteur, situé à Lyon

Ce travail a été financé par:

Essai clinique : European Malaria Vaccine Initiative

Analyse biologique, immunologique et corrélats de protection : Institut Pasteur, Unité de Parasitologie Bio-Médicale et programme PAL+ du Ministère de la Recherche

Sources

"Live measles vaccine expressing the secreted form of the West Nile virus envelope glycoprotein protects against West Nile virus encephalitis" : Journal of Infectious Diseases, 15 janvier 2005.
Philippe Desprès (1), Chantal Combredet (2), Marie-Pascale Frenkiel (1), Clarisse Lorin (2), Michel Brahic (2), et Frédéric Tangy (2)

1. Unité des Interactions Moléculaires Flavivirus-Hôtes, Institut Pasteur, Paris
2. Unité des Virus Lents, Institut Pasteur, Paris

Contact presse

Service de presse de l’Institut Pasteur
Corinne Jamma
01 40 61 33 41 - cjamma@pasteur.fr
Nadine Peyrolo
01 45 68 81 47 - npeyrolo@pasteur.fr

L'Institut Pasteur est une fondation privée à but non lucratif dédiée à la recherche biomédicale, à la santé publique et à l'enseignement. Près de 2600 personnes travaillent sur son campus à Paris, où une grande partie des recherches est axée sur les maladies infectieuses. Dans le monde, 29 Instituts Pasteur sont répartis sur les cinq continents, réunissant plus de 9000 personnes.

Retour en haut