Faible nombre de cas de Covid-19 au Laos : une étude de séroprévalence pour confirmer ce chiffre

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En 2020, quand beaucoup de pays à travers le monde luttaient avec la pandémie de Covid-19 et connaissaient un fort nombre de cas positifs, le Laos vivait une toute autre situation, n’ayant qu’un faible nombre de cas reportés. Faible circulation du virus ou système de surveillance inadéquat ? Une étude de séroprévalence a été menée par l’Institut Pasteur du Laos en collaboration avec l’Institut Pasteur à Paris pour y répondre.

Désigné laboratoire de référence à la Covid-19 par ses autorités sanitaires nationales, l’Institut Pasteur du Laos est au cœur de la lutte contre cette maladie. L’octroi de ce mandat a nécessité des équipements et consommables supplémentaires afin qu’il se prépare en amont de la pandémie à accomplir sa mission.

Grâce au soutien financier de bailleurs de fond historiques, notamment l’Agence Française de Développement (AFD), un budget exceptionnel a permis d’apporter un soutien d’urgence via différentes initiatives mises en place en marge de projets existants comme  par exemple ECOMORE II en Asie du Sud-Est.

Dans ce cadre, en partenariat avec l’Institut Pasteur à Paris, une étude de séroprévalence a été menée en 2020 dans cinq provinces. En effet, devant le peu de nombre de cas reportés d’infection de SARS-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19, les autorités sanitaires du Laos ont mandaté l’Institut Pasteur du Laos pour déterminer si le virus circulait sous le radar des dépistages opérés dans le pays.

En partenariat avec l’Institut Pasteur à Paris et grâce à la collaboration de l’Institut de santé publique et tropicale laotien, l’université du Laos des sciences sanitaires, le Centre national pour les laboratoires et l’épidémiologie et des hôpitaux centraux, provinciaux et de districts, plus de 3000 personnes ont pu être incluses dans cette étude. Cette cohorte est représentative de la population laotienne parmi lesquels on retrouve des personnels de santé et des personnes en contact avec la faune sauvage, potentiel réservoir du SARS-CoV-2.

Trois techniques diagnostiques de laboratoire pour confirmer les données

Au cours de cette étude, il était important de pouvoir corroborer les résultats des tests diagnostiques du SARS-CoV-2. C’est pourquoi trois différents tests de laboratoire ont été utilisés pour chercher des anticorps. Les deux principaux furent les tests ELISA qui détectent les anticorps (IgG) dirigés contre les protéines virales N et S, indiquant si la personne a été infectée. Le troisième fut un test de dépistage rapide des anticorps (IgG/IgM).

« L’objectif de croiser ces trois résultats est d’éviter tout test « faux » positif qui pourrait réagir à un autre coronavirus. En couplant l’ensemble de ces tests, nous sommes sûrs qu’il s’agit du SARS-CoV-2 » nous explique Dr Antony Black, chef du laboratoire Maladies évitables par la vaccination à l’Institut Pasteur du Laos. «L’Institut Pasteur à Paris a été d’un grand soutien tant par l’envoi des recombinants spike et des nucleoplasmides, par les conseils avisés sur les tests ELISA produit en interne, que par l’interpretation des données.»

Les participants étaient considérés comme exposés au SARS-CoV-2 lorsque les trois tests étaient positifs. Sur les 3000 personnes prélevées, seulement deux participants ont eu des résultats positifs sur deux tests et aucun n’a eu de résultats positifs sur les trois tests. Ces chiffres démontrent donc qu’il n’y a pas eu de circulation invisible du SARS-CoV-2 au Laos en 2020.

Des résultats probants pour le Laos

« Ces résultats, publiés dans le Lancet Regional Health - Western Pacific, ne sont pas surprenants », nous explique Dr Antony Black, «le gouvernement laotien avait pris des mesures drastiques dès mars 2020 : un confinement strict de 3 mois, la fermeture des écoles et des lieux culturels, ainsi que la quatorzaine obligatoire même avec test PCR négatif pour les visiteurs internationaux entrants dans le pays. »

En 2021, l’entrée illégale de personnes porteuses du SARS-CoV-2 en provenance de la Thaïlande voisine a entrainé une augmentation des cas d’importation et de la transmission communautaire du virus au Laos. Cela prouve que les mesures barrières, les campagnes de vaccination de masse, les passeports vaccinaux et l’ouverture vers d’autres pays où la situation est contrôlée de façon similaire que le Laos sont toujours nécessaires et d’actualité.

Low seroprevalence of COVID-19 in Lao PDR, late 2020
Lancet Regional Health - Western Pacific, 
DOI: 10.1016/j.lanwpc.2021.100197

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