Cause
Les chauves-souris frugivores sont probablement les hôtes naturels du virus Ebola. Le virus ne les rend pas malades mais il devient pathogène lors de l’infection d’autres animaux sauvages de la forêt tropicale (singes…). L’homme se contamine en manipulant ces animaux (viande de brousse, dépeçage,…). Le virus se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine.
Il se transmet entre les humains par contact direct avec le sang et avec des liquides biologiques de personnes infectées, ou par contacts indirects d’environnements contaminés par ces liquides. Le risque de transmission est nul pendant la période d’incubation, modéré dans les premières heures qui suivent l’apparition des symptômes et intense lorsque la maladie est installée. En revanche, les patients ayant réussi à guérir de la maladie ne sont plus infectieux. Il convient simplement de prendre des précautions car le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à plusieurs mois après la guérison clinique.
Les épidémies sont provoquées par les transmissions secondaires interhumaines. Celles-ci peuvent être facilitées si les précautions sont insuffisantes lors du soin des malades. Les rites funéraires au cours desquels les proches du défunt sont en contact direct avec la dépouille augmentent aussi fortement le risque de transmission du virus Ebola.
Pour stopper l’épidémie et la contagion interhumaine, certaines précautions anti-infectieuses doivent être suivies : se laver régulièrement les mains, isoler les malades, éviter tout contact de la peau et des muqueuses avec les liquides infectés. Pour cela, des barrières physiques sont indispensables : gants, masques, lunettes, combinaison, bottes, etc. Depuis quelques années, deux vaccins ont été mis sur le marché. L’un d’entre eux a été utilisé pour réaliser des vaccination en anneau au cours d’épidémie.
Symptômes
La maladie à virus Ebola est une maladie virale aiguë sévère se caractérisant initialement par des symptômes non spécifiques, de type pseudo grippaux : apparition brutale d’une fièvre supérieure à 38°C, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’une atteinte rénale et hépatique et dans certains cas, d’hémorragies internes et externes. La durée d’incubation, c'est-à-dire le temps écoulé entre l’infection et l’apparition des symptômes, varie de 2 à 21 jours, mais est le plus souvent comprise entre 5 et 12 jours.
Seuls les tests en laboratoire permettent de confirmer le diagnostic. L’analyse des échantillons est exécutée dans des conditions de confinement extrêmement rigoureuses.
Epidémiologie
Le virus Ebola a été observé pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées au Soudan (151 morts) et en République démocratique du Congo (280 morts). Il a été baptisé « Ebola », du nom d’une rivière coulant dans ce dernier pays.
Le virus Ebola appartient à la famille des Filoviridae (filovirus) qui compte cinq espèces distinctes : Bundibugyo (BDBV), Zaïre (EBOV), Reston (RESTV), Soudan (SUDV), Forêt de Taï (TAFV). Les souches Ebola Bundibugyo, Zaïre et Soudan ont été responsables d’une vingtaine de flambées de la maladie en Afrique Centrale, dans des villages isolés, à proximité des forêts. Les principales flambées ont eu lieu en :
- 1995 : 254 morts en République démocratique du Congo,
- 2000 : 224 morts en Uganda,
- 2003 : 128 morts au Congo,
- 2007 : 187 morts en République démocratique du Congo.
Jusque là, le virus avait provoqué 1590 morts.
En mars 2014, une nouvelle flambée de l’Ebolavirus Zaïre a été identifiée en Guinée forestière, puis s’est étendue aux pays voisins, le Libéria et la Sierra Leone, atteignant des zones urbanisées. Le virus a ensuite été transmis par voie aérienne au Nigéria et par voie routière au Sénégal. En juin 2016, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la fin officielle de l’épidémie, le bilan est triste : au moins 28000 cas officiellement déclarés, dont plus de 11000 décès. Il s’agit de la plus importante épidémie connue à ce jour. Depuis, une autre épidémie de grande ampleur a eu lieu dans la région du Kivu en RDC, et les virus a de plus réémergé à trois reprises dans ce pays. Enfin, une épidémie rapidement circonscrite a eu lieu en Guinée en 2021.
Le traitement
Les personnes atteintes ont besoin de soins intensifs, traitant uniquement les symptômes (fièvre, douleur, déshydratation). En plus des deux vaccins disponibles, des traitements basés sur des anticorps monoclonaux ont montré une certaine efficacité chez l’homme, et peuvent donc être utilisés en complément des traitements de support.

Ebola 2013-2016, ou comment faire face aux nouvelles épidémies ...
A l’Institut Pasteur
- Le Centre national de référence des Fièvres hémorragiques virales (Lyon)
Le laboratoire P4 Jean Mérieux-Inserm de Lyon a été très fortement mobilisé dès le début de l’épidémie. Cette structure abrite le Centre national de référence des Fièvres hémorragiques virales, rattaché à l’unité de biologie des infections virales émergentes de l’Institut Pasteur, dirigée par Sylvain Baize.
Cette équipe a analysé les premiers échantillons prélevés en Guinée, lors de l’épidémie 2013-2016 ayant sévi en Afrique de l’Ouest, et a établi un diagnostic positif. Des échantillons sanguins prélevés chez des patients ont également été analysés par les chercheurs. Des tests ont été menés afin d'établir une carte d'identité spécifique du virus.
Cette équipe est en première ligne de lutte contre le virus Ebola. Outre l’analyse des échantillons à Lyon et de la surveillance des cas suspects sur le territoire français, elle a mis en place et dirigé, dès novembre 2014, l’activité du centre de diagnostic de Macenta, afin d’assurer le dépistage des malades durant l’épidémie 2013-2016. Des équipes de scientifiques volontaires se sont relayées sur le terrain, qui venaient non seulement de l’unité lyonnaise de Sylvain Baize, mais aussi de nombreuses équipes de l’Institut Pasteur à Paris dont la Cellule biologique d’intervention d’urgence (CIBU - voir ci-dessous).
En France, le Centre national de référence des Fièvres hémorragiques virales, intégré au sein de l’unité de Biologie des infections virales émergentes de l’Institut Pasteur à Lyon, dirigée par Sylvain Baize, est désigné par le Ministère de la Santé pour contribuer au diagnostic et assurer la surveillance épidémiologique des fièvres hémorragiques virales en lien étroit avec Santé Publique France.
- La Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (CIBU) (Institut Pasteur à Paris)
Dans le cadre de l’épidémie d’Ebola sévissant depuis début 2014 en Afrique de l’Ouest, la CIBU, dirigée par Jean-Claude Manuguerra, a contribué à l’activité de diagnostic des échantillons prélevés en Guinée, en collaboration avec l’équipe du CNR de Lyon.
Chiffres : OMS
Juin 2021