Cause
L’agent pathogène impliqué dans le botulisme est une bactérie appelée Clostridium botulinum (C. botulinum). C’est la toxine extrêmement puissante qu’elle synthétise qui est responsable de la maladie. Sur les sept types de botulisme connus aujourd’hui, quatre (les types A, B, E et plus rarement F) affectent l’homme.
Symptômes
Le botulisme se déclare après une incubation de quelques heures à quelques jours, en fonction du mode de contamination. En général, les personnes ayant partagé les mêmes aliments manifestent des symptômes identiques, mais avec une sévérité variable. Ceux-ci débutent par une atteinte oculaire (défaut d’accommodation, vision floue), une sécheresse de la bouche accompagnée d’un défaut de déglutition voire d’élocution, puis d’une parésie à une paralysie des muscles. Dans les formes avancées, ils évoluent vers une paralysie descendante des membres et des muscles respiratoires. C’est cette insuffisance respiratoire qui entraîne le décès. On peut distinguer plusieurs formes de botulisme, le botulisme infantile et le botulisme par blessure.
Le botulisme infantile
Il provoque chez le nouveau-né une anorexie, une altération des cris et une perte du contrôle de la tête, une constipation, puis une paralysie et une insuffisance respiratoire dans les formes graves. Cette forme de botulisme est due à la colonisation de l’intestin par C. botulinum, alors que le botulisme alimentaire résulte d’ingestion de toxine botulique préformée dans l’aliment. Le miel mais aussi l’ingestion de poussières contenant des spores de C. botulinum ont été reconnus responsables de ce botulisme, qui peut aussi se rencontrer chez l’adulte.
Le botulisme par blessure
Cette forme est consécutive à la contamination d’une plaie par C. botulinum comme dans le cas du tétanos. Mais les symptômes consistent en une atteinte oculaire, des troubles de déglutition et une paralysie flasque des membres. Ce botulisme est rare et se rencontre plus volontiers chez les personnes se droguant par injection.
Le botulisme est mortel dans 5 à 10% des cas selon le type de toxine en cause, les toxinotypes A et E étant à l’origine des formes les plus graves.
Epidémiologie
En France, le botulisme est rare : l’incidence moyenne s’est stabilisée depuis 1980 autour de 20 – 30 foyers par an, impliquant le plus souvent chacun un à trois malades. Il s’agit dans la majorité des foyers, de botulisme alimentaire lié à la consommation de conserves familiales, mais aussi de produits artisanaux ou de la grande distribution. Les formes de botulisme infantile ou par blessure sont plus rares.
Toujours en France, la majorité des cas de botulisme correspondent à des intoxications alimentaires, par ingestion de la toxine produite par C. botulinum dans des aliments conservés n’ayant pas subi de processus poussé de stérilisation : salaisons, charcuteries ou encore conserves d’origines familiale ou artisanale. L’incidence du botulisme la plus élevée signalée ces dernières années concerne le Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie), où de telles pratiques culinaires sont courantes.
La survenue de cas sévères ces dernières années, notamment ces quatre dernières années, rappelle la nécessité de surveiller cette maladie. Les structures nationales de surveillance de la maladie, comme le Centre national de référence des Bactéries anaérobies et du botulisme, ou l’Institut de veille sanitaire, soulignent « la nécessité d’une surveillance attentive et renforcée du botulisme, pour mieux comprendre l’épidémiologie et l’évolution de la maladie, et adapter, au besoin, les mesures de prévention et de contrôle ».
Plus rarement, la maladie peut se transmettre par les plaies, ou, chez le nourrisson (botulisme infantile), par ingestion de spores ou de la bactérie qui, à la faveur de la protection intestinale peu robuste par la flore digestive chez le nouveau-né, peuvent coloniser l’intestin, produire et libérer la toxine. Il n’existe en revanche aucune contagion interhumaine. Le botulisme infantile est la forme la plus fréquente aux Etats-Unis. En Europe, le botulisme par blessure a été relativement important en Allemagne et en Angleterre ces dernières années.
Traitement et prévention
Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée. La sérothérapie est indiquée dans les formes sévères, mais elle n’est efficace que si elle est administrée précocement, dans les 24 premières heures après l’apparition des symptômes. La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais la durée du traitement et de la convalescence peut durer plusieurs mois.
Les antibiotiques n’ont aucune action sur la toxine botulique, et ne sont donc pas prescrits chez l’adulte. Ils sont en revanche nécessaires dans le cas du botulisme infantile, pour détruire la bactérie logée dans le tractus digestif du nourrisson.
Le vaccin antibotulique
Il existe de plus un vaccin antibotulique, mais il est réservé aux personnes exposées, travaillant en laboratoire par exemple, et il peut générer des effets secondaires importants.
Les mesures de prévention reposent sur le respect des règles d’hygiène relatives à la préparation et à la conservation des denrées alimentaires, afin de prévenir le développement de C. botulinum, et la production de toxine.
Utilisations thérapeutiques de la toxine botulique
A défaut d’être surtout reconnue pour sa nocivité, la toxine botulique a aussi des vertus thérapeutiques. C’est un médicament largement utilisé pour traiter des affections dues à une activité cholinergique excessive, comme les dystonies, le torticolis rebelle, le blépharospasme, la paralysie hémifaciale, des problèmes de spasticité, mais aussi certaines migraines, des troubles d’hypersecrétion gastrointestinale, certains troubles urologiques. La toxine botulique est également employée dans le secteur de la cosmétologie.
A l’Institut Pasteur
Le Centre national de référence (CNR) des Bactéries anaérobies et du botulisme, dirigé par Christelle Mazuet, est chargé de contribuer à la surveillance du botulisme humain et vétérinaire, en analysant les échantillons que lui adressent les cliniciens en cas de suspicion de botulisme. Le botulisme comptant parmi les maladies à déclaration obligatoire en France, le CNR signale immédiatement les nouveaux cas confirmés à Santé Publique France (SpF).
Surveillance et santé publique : Centre national de référence des bactéries anaérobies et du botulisme.
Mai 2019