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Dans le cadre des missions définies par l’arrêté du 29 novembre 2004 (fixant les modalités de désignation et les missions des CNR), Le CNR des Fièvres Hémorragiques Virales (FHV) est désigné par le Ministère en charge de la Santé, et plus particulièrement par la Direction Générale de la Santé (DGS) sur recommandation de Santé Publique France (SPF), pour contribuer au diagnostic et assurer la surveillance épidémiologique des fièvres hémorragiques virales causées par des agents classés dans le Groupe de Risque (GR) 4. Le CNR des FHV gère également les suspicions d'encéphalites à Hénipavirus, qui sont causées par des virus également classés GR4 (virus Nipah et Hendra).
Les FHV induites par des Arbovirus (classés GR3), comme par exemple la dengue ou la fièvre jaune, sont quant à elles du ressort du CNR Arbovirus (IRBA, Marseille). De même, les infections par les Hantavirus, responsables de FHV à syndrome rénal ou à syndrome pulmonaire, sont traitées par le CNR Hantavirus. En revanche, bien qu'étant des Arbovirus, les virus de la FHV d'Omsk et de la maladie de la forêt de Kyasanur demeurent dans le domaine de compétence du CNR FHV de par leur grande pathogénicité.
Les missions spécifiques du CNR, telles que définies au cahier des charges de l’appel à candidature (InVS– janvier 2011) sont :
1. Apporter une expertise microbiologique :
2. Contribuer à la surveillance épidémiologique, en lien avec l'Institut de veille sanitaire :
3. Contribuer à l’alerte en signalant à l’Institut de veille sanitaire tout cas diagnostiqué en France Métropolitaine et dans les DOM.
4. Contribuer aux travaux du réseau national des laboratoires Biotox :
Les FHV sont des zoonoses émergentes ou ré-émergentes, potentiellement mortelles, caractérisées chez l'homme par un syndrome fébrile algique évoluant vers un syndrome hémorragique plus ou moins sévère. La mortalité intervient le plus souvent dans un contexte de choc hypoxique et hypovolémique et peut varier de 1 à 90 % selon le virus incriminé. Malgré leur proximité symptomatologique, les FHV sont provoquées par plusieurs genres viraux : Arénavirus, Filovirus, Nairovirus, Flavivirus, Phlebovirus et Hantavirus (tableau 1). Certains sont des Arbovirus transmis aux hommes via des arthropodes, manipulables en laboratoire de niveau de sécurité biologique (NSB) 3, et dépendent du CNR des Arbovirus, à l’exception notable du virus Crimée-Congo (CCHFV), classé GR4, et des virus de la FHV d'Omsk et de la maladie de la forêt de Kyasanur, qui demeurent tous trois du ressort du CNR FHV. La similitude des syndromes provoqués par les différents virus ainsi que les zones de circulation communes impliquent de fait une étroite collaboration entre les CNR FHV, Arbovirus (IRBA, Marseille, France) et Hantavirus. Les virus intéressant directement le CNR des FHV sont des Filovirus, Arénavirus et Nairovirus, auxquels se rattachent les Hénipavirus, également classés GR4, qui ont été découverts en Malaisie (Nipah) ou Australie (Hendra) et provoquent chez l’homme des syndromes encéphalitiques ou pulmonaires.
Principaux virus responsables de FH, et autres virus associés de GR4. Les virus en bleu sont traités par le CNR Arbovirus et ceux en rouge par le CNR Hantavirus. Dans le tableau je ne vois pas les couleurs bleu/rouge qui sont décrites dans ce paragraphe ? Ces virus se transmettent à l'homme par l'intermédiaire de leur réservoir (rongeurs, chauve-souris), par des vecteurs (tiques) ou par contact direct avec des fluides biologiques infectés (Tableau 2). La transmission interhumaine est ensuite fréquente et peut être à l'origine de foyers épidémiques. Il n’existe pas de traitement efficace, même si la ribavirine est utilisée contre les virus Lassa ou CCHF, et aucun vaccin n'est disponible à ce jour. Ce caractère de dangerosité a conduit à classer la plupart de ces virus dans le GR4, entraînant leur manipulation en laboratoire NSB4.
Genre |
Virus |
Hôte naturel |
Distribution |
Mortalité |
Nairovirus |
CCHF |
Petits mammifères terrestres, oiseaux (vecteur tiques) |
Afrique, Asie, Europe de l’Est |
30 % |
Filovirus |
Ebola Zaire |
Chauve-souris Hypsignathus monstruosus, Epomops franqueti, Myonycteris torquata |
RDC, Congo, Gabon |
70-90 % |
Ebola Sudan |
Inconnu |
Soudan, Ouganda |
40-60 % |
|
Ebola Bundibugyo |
Inconnu |
Ouganda |
35 % |
|
Ebola Tai Forest |
Inconnu |
Côte d’Ivoire |
1 seul cas confirmé |
|
Marburgvirus |
Marburg |
Chauve-souris Roussetus aegyptiacus |
Ouganda, RDC, Kenya, Angola, Zimbabwe |
50-60 % |
Arenavirus |
Lassa |
Mastomys natalensis |
Nigéria, Guinée, Libéria et Sierra Léone (probablement aussi Mali et Côte d’Ivoire) |
2-10 % |
Lujo |
Inconnu |
Zambie, Afrique du Sud |
4/5 cas |
|
Junin |
Calomys musculinus |
Argentine |
25 % |
|
Machupo |
Calomys callosus |
Bolivie |
25 % |
|
Guanarito |
Sigmodon alstoni |
Vénézuéla |
25 % |
|
Sabia |
Inconnu |
Brésil |
1/3 cas |
|
Hénipavirus |
Nipah |
Chauve-souris Pteropus |
Malaisie, Bengladesh, Cambodge |
50 % |
Hendra |
Pteropus |
Australie |
3/6 cas |
Tableau 2. Détails des virus impliqués, réservoirs naturels, zones de circulation et mortalité chez l’homme.
Les Filovirus Marburg et Ebola ont émergé respectivement en 1967 et 1976, et sont depuis à l'origine d'épidémies régulières en Afrique Centrale. Le dernier en date, Bundibugyo Ebolavirus a émergé en 2007 en Ouganda et a récemment ré-émergé. Les infections par les Arénavirus, endémiques en Afrique de l'Ouest, sont responsables de plusieurs milliers de décès chaque année, avec des cas d'importation en Europe réguliers bien que peu fréquents. CCHFV est pour sa part maintenant présent en Europe et son aire de distribution tend à s'étendre, avec des cas réguliers en Europe du Sud-Est (Balkans, Bulgarie, Turquie) et la récente mise en évidence de tiques infectées dans le Sud de l’Espagne. Enfin, il n’y a pas encore eu de cas déclaré d’infection par le virus Nipah en Europe depuis l’épidémie d'émergence décrite en Malaisie et à Singapour en 1998-99, malgré la description d'épidémies en Inde et au Bangladesh quasiment chaque année depuis 2001.
La gravité des syndromes provoqués par les virus des FHV, et l'importante capacité de transmission inter-humaine justifie la mise en place d’une étroite surveillance de ces pathologies. En effet, les virus zoonotiques ciblés par ce CNR sont actuellement absents de France, mais peuvent être importés à tout moment à l’occasion d’un retour d’une personne ou d’un animal infecté comme cela s'est déjà produit, en Allemagne notamment. Des virus proches encore inconnus pourraient de la même manière être à l'origine d'infections en France. De plus, les modifications environnementales, démographiques, et sociétales sont des facteurs qui favorisent l’émergence et la circulation de ces virus dans les pays d’endémie. La multiplication des échanges, le développement des voyages, ainsi que la rapidité des transports sont autant de facteurs favorisant le retour de cas infectés en Europe. Même si les suspicions de cas demeurent peu nombreuses à ce jour, la diversité étiologique de ces pathogènes et leur classement dans le GR4 imposent un lourd plateau technique (modes opératoires nombreux, réactifs très variés), une veille scientifique et technologique (émergence constante de nouveaux virus) et l’utilisation d’un laboratoire NSB4. Enfin, les pathologies induites par ces virus nécessitent une coordination avec des services hospitaliers susceptibles de contribuer en amont, à l’évaluation de risque en lien avec le CNR et en aval, à la prise en charge particulière des patients infectés.
Mis à jour le 24/11/2016