Thérèse et Jacques Tréfouël, le binôme indissociable

Près de l’Institut Pasteur à Paris, à la sortie du métro Pasteur, s’étend la place « Jacques et Thérèse Tréfouël ». Couple à la ville, ces deux grands chimistes ont signé de leur nom et de leurs deux prénoms des découvertes qui permirent de sauver d’innombrables vies humaines.

|
jacques-therese-trefouel-institutpasteur
Une inscription tardive à un cours de travaux pratiques pendant leurs études à la faculté des sciences de Paris provoque leur rencontre en 1917 : ils sont automatiquement réunis en binôme. Heureux hasard d’où nait un tandem exemplaire, soudé par un mariage et une carrière scientifique à quatre mains. Entrés à l’Institut Pasteur au début des années 20 dans le laboratoire d’Ernest Fourneau, père de la chimie thérapeutique française, Jacques et Thérèse Tréfouël mettent au point des composés actifs contre la syphilis, la maladie du sommeil, le paludisme, avant de découvrir une nouvelle classe d’agents antibactériens, les sulfamides, ce qui leur vaut une renommée mondiale. En 1938, Jacques Tréfouël devient chef du laboratoire où ils exercent. Thérèse en prend progressivement la direction en 1940, son mari étant nommé Directeur de l’Institut Pasteur, poste qu’il occupera 24 ans. Il monte alors dans le plus grand secret le service médical de la Résistance, accumulant dans les souterrains de l’institut le matériel parachuté de Londres. Cet épisode valut à l’Institut Pasteur le surnom de « pharmacie du maquis ». Jacques poursuivra ses travaux de chimiste avec Thérèse, leur équipe découvrant l’effet de la sulfone-mère dans le traitement de la tuberculose et de la lèpre. À la fin de leur vie, dans leur maison près de Fontainebleau, Jacques Tréfouël, passionné par le travail du bois et du fer forgé, reproduisait des meubles anciens et Thérèse, habile tapissière, complétait le travail de son mari. Le binôme collaborait encore. 

LA RÉVOLUTION DES SULFAMIDES

En 1935, les Tréfouël élaborent de nouveaux composés, les sulfamides, actifs contre quantité de bactéries. « C’est l’avènement dans le monde entier d’une nouvelle thérapeutique des maladies infectieuses dont  l’efficacité supplante tous les médicaments classiques. Une ère nouvelle s’ouvre en médecine », lit-on dans un hommage aux époux Trefouël rendu en 1980 à l’Académie des sciences. « Les deux premiers succès médicaux eurent lieu à l’hôpital Pasteur (…) Deux enfants furent sauvés : l’un d’eux était en plein coma, ils étaient atteints d’une méningite purulente à streptocoques, maladie presque toujours mortelle ». Devenu médecin, l’un de ces « survivants » écrivit  à l’Académie : « je ne manquerai pas de m’associer par la pensée à l’éloge que vous lirez de M. et Mme Tréfouël, qui m’ont sauvé la vie. » Impossible de comptabiliser le nombre de personnes sauvées depuis par les sulfamides, toujours utilisés aujourd’hui. 

Chronologie de la vie des Tréfouel

> 19 juin 1892

Naissance de Thérèse Boyer.

> 9 novembre 1897

Naissance de Jacques Tréfouël.

> 1913-1919

Étudiants en chimie à la faculté des sciences de Paris. Jacques est mobilisé en 1915 (Croix de guerre en 1918).

> 1921

Mariage et débuts de collaboration à l’Institut Pasteur, dans le laboratoire de Chimie thérapeutique, sur des composés qui s’avéreront actifs dans la syphilis (Stovarsol), la trypanosomiase (Orsanine), le paludisme (Rodoquine).

> 1927-1932

Premiers honneurs : prix Parkin de l’Institut de France, prix Louis et prix Paultre de l’Académie de médecine.

> 1935

Mise en évidence avec Daniel Bovet et Frederico Nitti du rôle du sulfamide, premier agent antibactérien efficace (sur les streptocoques, méningocoques, pneumocoques, gonocoques…).

> 1940-1964

Chef du laboratoire de Chimie thérapeutique, Jacques est nommé Directeur de l’Institut Pasteur. Poursuit sa collaboration scientifique avec Thérèse, qui dirige progressivement le laboratoire (en sera chef en 1955). Le couple Tréfouël signe en 1954 la découverte d’une substance active contre la tuberculose, qui sera aussi le premier traitement de la lèpre. En 1963, Jacques reçoit des mains du Général de Gaulle la plaque de Grand officier de la Légion d’honneur, Thérèse prend sa retraite.

> 1965-67

Jacques est élu président de l’Académie des sciences puis de l’Académie de médecine.

> 11 juillet 1977

Décès de Jacques, à Paris.

> 9 novembre 1978

Décès de Thérèse, le jour de l’anniversaire de naissance de son mari.

 

Retour en haut