L’étude « Morsures de serpent au Cameroun : Evaluation de Sérum Antivenimeux en Afrique (ESAA) relevé de données en condition de vie réelle » a été lancée les 26 et 27 juin 2019 dernier lors d’une réunion de lancement qui s’est tenue à Yaoundé. Elle se déroulera pendant 2 ans dans 14 centres de santé au Cameroun. L’étude ESAA, coordonnée par l’Institut Pasteur, vise à évaluer la tolérance et l’efficacité cliniques d’un sérum antivenimeux enregistré au Cameroun. Sa mise en œuvre résulte d’efforts communs aux différents partenaires tels que l’IRD, Epicentre, la Cameroon Society of Epidemiology (CaSE) et la Société Africaine de Venimologie (SAV), sous l’égide du Ministère camerounais de la Sante Publique. Près de 470 participants seront inclus dans l’étude via les centres qui ouvriront progressivement à partir de début août 2019.
En 2017, les morsures de serpent ont été reconnues par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une maladie négligée dont l’incidence et la mortalité restent fortement sous-estimées dans les pays du Sud. Plus de 315 000 morsures et 7 000 décès ainsi qu’environ 9 000 amputations sont recensés dans les formations sanitaires d’Afrique subsaharienne, entraînant un coût socioéconomique particulièrement élevé.
Le Ministère camerounais de la Santé Publique a reconnu en 2015 les morsures de serpent comme problème de santé prioritaire et mis en place un relevé hebdomadaire de leur nombre. Pendant la première année, l’incidence annuelle des morsures de serpent était de 11,4/100 000 habitants, représentant plus de 2 500 morsures par an dont 43 décès et un taux de létalité atteignant 6% dans certaines régions. Selon le Ministère de la Santé Publique, le septentrion (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord ; zone de savanes sèches et arborées) représente 40% de l’incidence et 77% de la mortalité des envenimations au Cameroun, tandis qu’au Sud plus forestier, l’incidence et la mortalité correspondent respectivement à 32% et 16%. Ces estimations sont très inférieures à la réalité en raison du recueil partiel de données et du recours fréquent aux tradipraticiens sans référencement dans une structure sanitaire.
Visite de l’Hôpital de District d'Akonolinga Cameroun / copyright : Epicentre
Ces dernières années, le sérum antivenimeux (SAV) produit par Sanofi-Pasteur était le traitement de référence pour les morsures de serpent venimeux en Afrique subsaharienne. L’arrêt de sa production en 2014 a rendu nécessaire son remplacement par d’autres SAV dont les mesures d’efficacité et de tolérance à court, moyen et long termes en conditions réelles restent insuffisantes.
Quatorze sites répartis dans l’ensemble du Cameroun participeront à l’étude afin de couvrir des zones de forêt et de savane où l’écologie des serpents est différente. L’ouverture des sites d’étude se fera progressivement pour atteindre 8 centres opérationnels d’ici la fin de l’année 2019 et l’inclusion de 470 sujets mordus par un serpent sur une durée de 2 ans.
L’étude ESAA promue par l’Institut Pasteur répond aux besoins et priorités de santé des populations identifiés par les autorités de santé. Elle permettra d’accroître les informations épidémiologiques et cliniques sur la morbidité et la mortalité par morsure de serpent et leur traitement. L’étude s’inscrit dans une perspective de renforcement des capacités du personnel de santé sur la prise en charge des patients mordus par un serpent et d’amélioration du système de surveillance et de notification des envenimations.
Les journées de lancement de l’étude ESAA ont réuni les équipes médicales des centres de santé qui participeront à l’étude ainsi que l’ensemble des partenaires impliqués dans l’étude. Il en est résulté des échanges féconds entre tous les participants sur les problématiques des morsures de serpent, leur prise en charge et le déroulement de l’étude ESAA. Le partage des expériences de terrain a permis d’optimiser l’organisation pratique de l’étude avant sa mise en œuvre prochaine.
L’Institut Pasteur est promoteur de l’étude.
Epicentre, créé par Médecins Sans Frontières (MSF) en 1986 pour apporter une expertise épidémiologique en support des opérations de MSF sur le terrain, assure la coordination et la supervision des activités locales.
L’IRD, la Cameroon Society of Epidemiology (CaSE) et la Société Africaine de Venimologie (SAV) apportent leur expertise sur les envenimations par morsure de serpent.
Inosan Biopharma finance l’étude et fournit les 2 000 doses de SAV nécessaires.