Covid-19 : Quelle propagation dans les foyers ?

Flash Presse
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Plus de trois ans après le début de l’épidémie de Covid-19 les modélisations mathématiques sont encore riches d’enseignements comme en témoigne une récente étude de l’école de santé publique de l’université de Hong Kong et de l’Institut Pasteur / Université Paris Cité, sur la propagation du SARS-CoV-2 au sein des foyers familiaux. Les scientifiques ont estimé qu’il existe un sous-ensemble d’individus infectés par le SARS-CoV-2 trois fois plus susceptibles de transmettre le virus que la moyenne. Ces résultats ont été publiés le 7 mars dans eLife.

Le rôle des « événements de superpropagation » dans la transmission du SARS-CoV-2 a fait l’objet d’une multitude d’études lors de la pandémie de COVID-19, la plupart s’étant concentrées sur les événements de groupe à l’origine de nombreuses infections. Ces résultats suggéraient globalement qu’une petite proportion (20 %) des individus infectés est responsable de plus de la moitié (80 %) des contaminations, mais ils n’indiquaient pas clairement si cette hétérogénéité dans la transmission résulte davantage d’une différence dans le nombre de cas contacts que de facteurs biologiques et comportementaux.

« En étudiant les contaminations au sein des foyers où le risque de transmission est élevé et où il est plus facile de tracer les individus exposés, nous pouvions disposer d’estimations plus précises de la variabilité interindividuelle de l’infectiosité. » déclare l’auteur principal, Tim Tsang, professeur adjoint au sein de l’unité d’épidémiologie et de biostatistique de l’école de santé publique de l’université de Hong Kong (Pokfulam).

Les scientifiques ont alors analysé les données de 17 études sur la transmission intrafamiliale du SARS-CoV-2 menées au début de la pandémie, lorsque les souches d’origine circulaient. L’analyse porte sur 13 098 cas index de COVID-19, certains parmi les premiers patients diagnostiqués positifs, et 31 359 contacts intrafamiliaux.

L’équipe a exploité ces données pour créer un modèle mathématique décrivant les différences dans le nombre d’individus du foyer infectés par chaque malade de la COVID-19. Le modèle a montré que les 20 % des personnes les plus infectieuses étaient responsables de trois fois plus d’infections intrafamiliales qu’un individu moyen atteint de COVID-19. Le modèle fait également apparaître l’existence de sous-ensembles de superpropagateurs encore plus contagieux. 

« L’infectiosité individuelle varie considérablement au sein d’un même foyer », explique Simon Cauchemez, co-auteur principal de l’étude et responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur, Université Paris Cité. « Ces différences peuvent être dues à des facteurs biologiques, comportementaux ou démographiques. »

Ces résultats pourraient permettre aux épidémiologistes de mieux saisir le rôle des différences interindividuelles dans la diffusion du SARS-CoV-2. Comprendre ces profils aidera les équipes de santé publique à trouver des moyens plus efficaces pour limiter la transmission du SARS-CoV-2 ou d’autres maladies infectieuses. 


Source

The effect of variation of individual infectiousness on SARS-CoV-2 transmission in households, eLife, 7 mars 2023

Tim K. Tsang1,2, Xiaotong Huang1, Can Wang1, Sijie Chen1, Bingyi Yang1, Simon Cauchemez†3, Benjamin J. Cowling†1,2
1 WHO Collaborating Centre for Infectious Disease Epidemiology and Control, School of Public Health, Li Ka Shing Faculty of Medicine, The University of Hong Kong, Hong Kong Special Administrative Region, China.
2 Laboratory of Data Discovery for Health, Hong Kong Science and Technology Park, Hong Kong Special Administrative Region, China
3 Mathematical Modelling of Infectious Diseases Unit, Institut Pasteur, Université Paris Cité, UMR2000, CNRS, Paris, France.
† These authors are joint senior authors with equal contribution.

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