Sur la piste d'un vaccin contre le streptocoque B

Communiqué de presse
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Les streptocoques B sont une des toutes premières causes d'infections chez le nouveau-né, provoquant pneumonies, septicémies ou méningites. Des chercheurs portugais et une équipe de l'Institut Pasteur associée au CNRS viennent d'identifier une protéine de la bactérie qui lui permet de coloniser son hôte en modulant le système immunitaire. Pour les chercheurs, qui publient cette étude dans Journal of Immunology, la protéine identifiée est un candidat possible pour la mise au point d'un vaccin contre le streptocoque B.

 

 

Communiqué de presse
Paris, le 1er février 2007

 

 

Les infections à streptocoques B (Streptococcus agalactiae) représentent un problème de santé publique. On dénombre chaque année en France 800 cas d’infections invasives chez les nouveau-nés, majoritairement dus à une transmission de la mère à l’enfant. La mortalité liée à ces infections reste élevée (50 à 100 décès par an), et malgré l’antibiothérapie, 25 à 50% des enfants qui survivent gardent des séquelles neurologiques.

Une nouvelle piste pour le développement d’un vaccin contre le streptocoque B vient d’être découverte grâce à une étude menée par le laboratoire de Paula Ferreira, de l’Institut des Sciences biomédicales Abel Salazar à Porto, en collaboration avec Patrick Trieu-Cuot, chef de l’unité de Biologie des bactéries pathogènes à gram-positif (associée au CNRS) à l’Institut Pasteur.

Certaines protéines produites par les microorganismes pathogènes sont capables d’interférer avec le système immunitaire de l’hôte pour faciliter la colonisation microbienne. Les chercheurs ont montré qu’une protéine sécrétée par le streptocoque B, nommée GAPDH, était capable d’augmenter le taux d’un des "messagers" du système immunitaire, une cytokine nommée IL-10 (interleukine 10). L’augmentation d’IL-10 a pour effet de diminuer les défenses immunitaires : l’infection bactérienne invasive est alors facilitée. Les chercheurs ont d’ailleurs également montré que des souris déficientes en IL-10 étaient beaucoup plus résistantes à l’infection par le streptocoque B.

Les chercheurs concluent que la GAPDH pourrait être utilisée dans des approches immunoprotectrices contre le streptocoque B. Des essais préliminaires d’immunisation chez la souris montrent un effet protecteur de la GAPDH contre l’infection par le streptocoque B, confirmant ainsi que cette protéine devrait être un bon candidat-vaccin.

"La stratégie vaccinale idéale consisterait à induire une immunité mucosale permettant d’éliminer le portage vaginal du streptocoque B , explique Patrick Trieu-Cuot. Cette vaccination permettrait de supprimer le traitement antibioprophylactique effectué au début du travail chez les femmes enceintes infectées par cette bactérie. " Rappelons qu’un dépistage systématique est actuellement réalisé entre les 34ème et 37ème semaines d’aménorrhée.

Les chercheurs travaillent donc aujourd’hui à développer cette stratégie vaccinale.

Sources

"Streptococcus agalactiae GAPDH is a virulence-associated immunomodulatory protein" : Journal of Immunology, 1er février 2007.

Pedro Madureira (1), Marina Baptista (1), Marta Vieira (1), Vanessa Magalhães (1), Ana Camelo (1), Liliana Oliveira (1), Adìlia Ribeiro (1,2), Delfina Tavares (1,2), Patrick Trieu-Cuot (3), Manuel Vilanova (1,2) et Paula Ferreira (1,2)

1. ICBAS, Institut de Sciences Biomédicales Abel Salazar, Porto, Portugal
2. IBMC, Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, porto, Portugal
3. Unité de Biologie des Bactéries Pathogènes à Gram-Positif, CNRS URA 2172, Institut Pasteur, Paris, France

Contact presse

- Service de presse de l’Institut Pasteur : Nadine Peyrolo ou Corinne Jamma
Tél : 01 40 61 33 41 - courriel : cjamma@pasteur.fr

- Service de presse du CNRS : Cécile Pérol
Tél : 01 44 96 43 09 - courriel : cecile.perol@cnrs-dir.fr

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