Peste

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Près de 50 000 cas humains de peste ont été déclarés à l’OMS par 26 pays entre 1990 et 2020

Quelles sont les causes ? 

La peste est une maladie causée par une bactérie d’environ 1 à 3 µm de longueur, Yersinia pestis. Cette bactérie d’une extrême virulence tire son nom du scientifique Alexandre Yersin qui fut le premier à isoler le bacille de la peste en 1894.

Quels sont les symptômes ? 

Chez l’humain, la maladie revêt deux formes principales : bubonique (contractée par piqûre de puce) et pulmonaire (transmise par voie aérienne).  

La peste bubonique, forme clinique la plus fréquente, est caractérisée, après une incubation de quelques jours, par un syndrome infectieux très sévère (forte fièvre, atteinte profonde de l’état général), accompagné d’une hypertrophie du ganglion lymphatique (bubon) drainant le territoire de piqûre de la puce. Dans 20 à 40% des cas, le bubon suppure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, la maladie évolue vers une septicémie, très rapidement mortelle. Dans certains cas, le bacille atteint les poumons. En l’absence d’un traitement précoce et approprié, la peste pulmonaire est systématiquement mortelle en 3 jours.

Comment se transmet la maladie ? 

La peste est une maladie principalement transmise à l’humain par piqûres de puces porteuses de Yersinia pestis. Ces puces sont notamment véhiculées par des rongeurs, par exemple le rat. 

Une transmission interhumaine du bacille de la peste peut également avoir lieu par l’intermédiaire des gouttelettes de salives émises par une personne malade lors de la toux. Les sujets contacts développent alors une peste pulmonaire.

Comment diagnostiquer la maladie ? 

Le diagnostic clinique de la peste se fait en présence des symptômes et d’une notion de voyage en zone d’endémie ou de contact avec un malade de la peste. Il est suivi par un diagnostic biologique en laboratoire qui confirme la présence de la bactérie Yersinia pestis dans les échantillons biologiques (sang, expectorations, prélèvements issus d’un bubon).

Quels sont les traitements ? 

Une prise en charge précoce est essentielle pour le traitement de la maladie. Les fluoroquinolones, les tétracyclines et la streptomycine sont les antibiotiques de référence pour le traitement de la peste. Ce sont des antibiotiques parfaitement efficaces s’ils sont administrés à temps.

Comment prévenir la maladie ? 

Une prévention au moyen de tétracyclines ou de sulfamides ou fluoroquinolones, administrées précocement, est en général d’une très bonne efficacité pour l’entourage immédiat des sujets atteints de peste. 

Les recommandations aux voyageurs se rendant dans les foyers d’endémie sont d’éviter les contacts avec les rongeurs et de se protéger des piqûres de puces par des répulsifs cutanés actifs dans ces zones d’endémie. En cas de contact avec un patient pesteux qui tousse, il faut consulter au plus vite un médecin qui prescrira, par mesure préventive, des antibiotiques. 

La prévention par la vaccination a été abandonnée car les premiers vaccins entraînaient des effets indésirables, parfois sévères. Par la suite, d’autres vaccins ont été développés mais ils ne sont pas efficaces sur les formes pulmonaires. Actuellement, plusieurs vaccins sont à l’étude mais doivent encore être validés chez l’humain.

Combien de personnes touchées ? 

Près de 50 000 cas humains de peste ont été déclarés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 1990 et 2020 par 26 pays d’Afrique, Asie et Amérique. L’Afrique subsaharienne est actuellement la partie du monde la plus touchée, avec la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et surtout Madagascar qui est le pays qui recense le plus de cas humains de peste au monde (entre 250 et 500 cas par an). En Asie, les foyers les plus actifs sont en Chine. En 2020, des cas ont été recensés également en Mongolie. Sur le continent américain, le principal foyer se trouve au Pérou mais les Etats-Unis ne sont pas épargnés : des cas autochtones de peste humaine sont rapportés chaque année sur la côte ouest dans ce pays. Aucun cas de peste n’a été signalé récemment en Océanie ou en Europe. En France, les derniers cas survenus datent de 1945 en Corse. 

Une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à "s’éteindre" pendant plusieurs années avant de réapparaître brutalement sous forme épidémique. En Inde, une épidémie de peste pulmonaire a éclaté en 1994, alors que l’on croyait la maladie éradiquée depuis presque 30 ans. Presque simultanément, des cas de peste bubonique (128 cas) ont été enregistrés au Mozambique après plus de 15 ans de silence, et se sont propagés au Zimbabwe et au Malawi tout proches. Presque au même moment, une épidémie est survenue au Pérou (1031 cas en 1993-1994). Malgré leur apparition rapprochée, il n’existe probablement pas de lien épidémiologique entre les épidémies asiatiques, américaines et africaines. En 1997, des cas humains de peste sont survenus en Jordanie après 80 années de silence. La peste est également réapparue en Algérie, dans la région d’Oran en 2003, après une période de silence inter-épidémique de 50 ans. Une épidémie de peste pulmonaire a de plus éclaté dans une mine de diamants en République Démocratique du Congo en décembre 2004 et une épidémie de grande ampleur s’est à nouveau produite dans ce pays en 2006. 

Des cas humains de peste sont survenus en Afghanistan en 2007 où aucun cas n’avait jamais été rapporté. Plus récemment, la peste est réapparue en Libye en 2009 après 25 ans de silence, au Kirghizistan et en Russie en 2013 après 30 et 34 ans d’absence, respectivement. De même, une flambée de peste s’est déclarée en 2016 à Madagascar au sud-est du pays, où aucun cas de peste n’avait été signalé depuis 1950 et en dehors de la zone d’endémie connue dans ce pays. En 2017, une importante épidémie de peste pulmonaire à Madagascar a touché un nombre très important de régions, incluant les agglomérations urbaines d'Antananarivo et Toamasina. 


Mars 2024

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