Dans le cadre de la série de vidéo « My PhD at the Institut Pasteur », qui valorise les travaux des doctorant·e·s de l’Institut à travers des formats courts et accessibles, un nouvel épisode met à l’honneur Yaëlle Wormser, doctorante en microbiologie. À travers un rap percutant, elle sensibilise le grand public à ses recherches sur la tuberculose, une maladie infectieuse responsable de plus de 10 millions de cas et 1,25 million de décès en 2023 (OMS).
Comprendre la tuberculose grâce à la vulgarisation
Si la tuberculose évoque pour beaucoup une pathologie du passé, elle reste une menace bien réelle, notamment à cause de ses formes résistantes aux antibiotiques. Pour mieux faire comprendre cet enjeu, Yaëlle a choisi un moyen original : le rap. A travers ses paroles, elle met en lumière les objectifs de sa thèse. Son but ? Mieux comprendre les mécanismes moléculaires de cette maladie afin de contribuer à de nouveaux traitements.
Les effets de ces molécules sont d’abord observés par microscopie à fluorescence. Les plus prometteuses sont ensuite analysées à l’échelle atomique grâce à la cryo-microscopie électronique. Cette technique de pointe permet de visualiser précisément leur mode d’action, et donc d’évaluer leur potentiel contre les formes multi-résistantes de la maladie.
Ce travail de vulgarisation ne se limite pas à expliquer des concepts complexes. Il participe aussi à renforcer la confiance envers la recherche, tout en encourageant d'autres doctorant·e·s à s'engager dans des formats créatifs.
Une démarche d’autant plus essentielle que la tuberculose incarne aujourd’hui l’un des plus grands défis liés à la résistance aux antimicrobiens...
Résistance aux antimicrobiens : la tuberculose en première ligne
Le projet de Yaëlle s’inscrit dans un contexte plus large : la lutte mondiale contre la résistance aux antimicrobiens (AMR), dont la tuberculose est l’un des symboles les plus alarmants. Trop souvent méconnue, cette maladie est loin d’avoir disparu et tend même à se renforcer.
Malgré les progrès réalisés grâce aux vaccins et traitements antimicrobiens, des pathologies comme le VIH/SIDA, la tuberculose, le paludisme, les infections respiratoires ou les diarrhées infectieuses continuent de faire des millions de victimes chaque année.
Aujourd’hui, certaines souches de Mycobacterium tuberculosis ne répondent plus aux traitements standards. Cette maladie, déjà complexe à traiter, devient encore plus redoutable avec l’apparition de souches multi-résistantes (MDR-TB) et ultrarésistantes (XDR-TB). En 2022, plus de 400 000 personnes ont développé une tuberculose résistante à la rifampicine, un antibiotique de première ligne, dont près de la moitié étaient des cas confirmés de tuberculose multi-résistante (OMS).
Ces formes résistantes sont beaucoup plus difficiles à soigner. Elles nécessitent des traitements longs, coûteux et souvent toxiques.
Aujourd’hui, la tuberculose représente à elle seule un tiers des décès liés à une infection bactérienne résistante (OMS). Cette crise sanitaire est aggravée par un accès inégal aux soins, aux diagnostics et aux nouveaux antibiotiques, menaçant de faire reculer des décennies de progrès en santé publique.
Pour aider les professionnel·le·s de santé et les chercheur·se·s à relever ces défis, l’Institut Pasteur propose des formations dédiées à la tuberculose. Parmi elles, un Cours Pasteur, disponible en présentiel et également un MOOC (Massive Online Open Course), afin de mieux appréhender les mécanismes de la résistance antimicrobienne et ses conséquences.
Communiquer la science autrement : donner la parole aux jeunes scientifiques
Le projet « My PhD at the Institut Pasteur » offre aux doctorant·e·s, représentant 25 % des scientifiques du campus parisien, une plateforme pour présenter leurs travaux de recherche. A travers ces initiatives de médiation scientifique, les doctorant·e·s développent des compétences transversales essentielles, notamment en communication, leur permettant de rendre la science plus accessible et de nourrir un dialogue constructif entre science et société. Ce double objectif s’inscrit pleinement dans les priorités du nouveau plan stratégique de l’Institut Pasteur, Pasteur 2030.
Dans un contexte où la désinformation fragilise la confiance du public envers la science, les projets créatifs comme Tuberkiller incarnent la volonté de l’Institut Pasteur pour une communication ouverte, créative et engageante. À travers un format artistique innovant, le rap de Yaëlle Wormser sensibilise à une problématique de santé publique encore méconnue : la tuberculose multi-résistante.
Tuberkiller remplit une mission essentielle : partager la connaissance, sensibiliser le grand public, et rappeler le rôle vital de la science dans la lutte contre les menaces sanitaires mondiales. En favorisant l’accès à la recherche par des formats engageants, l’Institut Pasteur assume pleinement son rôle de passeur de savoir, pour que la science reste un repère fiable et mobilisateur dans le débat public.