Dengue

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50 millions de cas de dengue estimés par an, dans le monde

Dont 500 000 cas de dengue hémorragique

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Causes et origines

La dengue est due à un arbovirus (virus transmis par les arthropodes), appartenant à la famille des Flaviviridae, du genre flavivirus, comme le virus West Nile et de la fièvre jaune. Il est transmis à l’homme par les moustiques du genre Aedes lors d’un repas sanguin. Les souches du virus de la dengue se répartissent en quatre sérotypes distincts : DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4. L’immunité acquise en réponse à l’infection par l’un des sérotypes confère une immunité protectrice contre le sérotype infectant mais pas contre les autres sérotypes. En conséquence, un individu est susceptible d’être infecté par chacun des quatre sérotypes de la dengue au cours de sa vie. Des infections ultérieures par d’autres sérotypes accroissent le risque de développer une dengue sévère, dite hémorragique. Un vaccin efficace contre la dengue devra donc être en capacité de conférer une immunité protectrice contre l’ensemble des sérotypes.

Symptômes

La dengue classique

La dengue « classique » se manifeste brutalement après 2 à 7 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Au bout de 3 à 4 jours, une brève rémission est observée, puis les symptômes s’intensifient - des hémorragies conjonctivales, des saignements de nez ou des ecchymoses pouvant survenir - avant de régresser rapidement au bout d’une semaine. La guérison s’accompagne d’une convalescence d’une quinzaine de jours. La dengue classique, bien que fort invalidante, n’est pas considérée comme une maladie sévère comme l’est la dengue hémorragique.

Les complications - la dengue hémorragique

Chez certains patients, pour des raisons mal élucidées, le tableau clinique de la maladie peut évoluer selon deux formes graves : la dengue hémorragique puis la dengue avec syndrome de choc qui est mortelle.

La forme hémorragique de la maladie, qui représente environ 1% des cas de dengue dans le monde, est extrêmement sévère : la fièvre persiste et des hémorragies multiples, notamment gastro-intestinales, cutanées et cérébrales, surviennent souvent. Chez les enfants de moins de quinze ans notamment, un état de choc hypovolémique peut cependant s’installer (refroidissement, moiteur de la peau et pouls imperceptible signalant une défaillance circulatoire), entrainer des douleurs abdominales, et, sans perfusion, provoquer la mort. Dans tous les cas, un diagnostic virologique, précis et rapide, est utile afin de confirmer l’étiologie à la fois pour la prise en charge des patients et pour les systèmes de surveillance de santé publique afin de lancer l’alerte et renforcer les moyens de lutte anti-vectorielle.

Epidémiologie

La dengue est aujourd’hui considérée comme une maladie réémergente. Avec la globalisation de l’économie et l’augmentation des échanges des biens et des personnes, elle tend à gagner de nouvelles zones géographiques, se développe de plus en plus dans des environnements urbains, et provoque des épidémies de plus grandes importances. Les formes graves de dengue sont de plus en plus fréquemment observées lors des épidémies récentes.

Une maladie d’origine tropicale

La dengue sévit principalement dans l’ensemble de la zone intertropicale. Longtemps limitée à l’Asie du Sud-est (440 000 cas en Chine en 1980, 200 000 cas en Thaïlande en 1987), elle ne cesse de s’étendre à l’Océan Indien, au Pacifique Sud (32 800 cas à Tahiti, Moorea, et en Polynésie Française, en 2001), aux Antilles françaises (2003 et 2006-2008 et 2009-2010), et à l’Amérique Latine, où les cas annuels rapportés ont été multipliés par 60 entre 1989 et 1993 comparativement à la période précédente (1984-1988).

Depuis fin 2009, la maladie sévit sur un mode épidémique aux Antilles. En 2010, la dengue est à l’origine de 86 000 cas en Martinique et Guadeloupe (source Santé Publique France ). En 2011 et 2012, l’épidémie ne se déclare pas.

Les premiers cas de dengue hémorragique sont apparus à Cuba et dans les Caraïbes en 1981, puis de nouveau en 1996, à Cuba, après 15 années d’interruption. En 2013, l’épidémie est déclarée en Guyane. Cette année-là, la région des Amériques a signalé à elle seule 2,35 millions de cas, dont 37 687 cas de dengue sévère. Cette inquiétante résurgence de la dengue en Amérique Latine et dans les Caraïbes semble liée à l’efficacité relative des programmes d’éradication du moustique vecteur dans cette région du globe. La croissance démographique, l’urbanisation non contrôlée, les catastrophes naturelles et la paupérisation des populations touchées par la maladie semblent également en cause. La dengue a un impact économique majeur pour les pays où elle sévit.

Vers une colonisation des zones tempérées

Ces dernières années, Aedes albopictus, vecteur secondaire de la dengue en Asie, s’est implanté en Amérique du Nord et en Europe, y compris en France. Sa période d’activité dans ces régions se situe entre le 1er mai et le 30 novembre mais il peut subsister grâce à sa résistance aux températures basses et à sa capacité d’hibernation. Désormais, le risque de transmission de la dengue est devenu une réalité. En 2010 à Nice en France, les 2 premiers cas autochtones de dengue ont été détectés. En 2012, une flambée sur l’archipel de Madère (Portugal) a provoqué plus de 2000 cas et des cas importés ont été détectés dans 10 autres pays européens, en dehors du Portugal continental. De façon récurrente, la France rapporte des cas autochtones de dengue depuis 2010 : 1 (2013), 4 (2014), 8 (2015), 8 (2018), 9 (2019), et 12 (2020).

Les dernières données épidémiologiques

D’après l’OMS, en 2013, des cas ont été rapportés en Floride (États-Unis d’Amérique) et dans la province du Yunnan (Chine). La dengue a continué de sévir dans plusieurs pays d’Amérique latine, notamment au Honduras, au Costa Rica et au Mexique. En Asie, Singapour a notifié une augmentation du nombre des cas après une absence de cas de plusieurs années et des flambées ont également été signalées au Laos. En 2014, les tendances indiquent une augmentation du nombre de cas dans les îles Cook, en Malaisie, à Fidji et à Vanuatu, le virus de type 3 (DENV-3) touchant les pays insulaires du Pacifique après une absence de dix ans.

Moyens de lutte

Aujourd’hui, il n’existe pas de traitements spécifiques. Seul un vaccin est commercialisé : Dengvaxia développé par Sanofi est un vaccin vivant atténué, chimérique recombinant basé sur le vaccin fièvre jaune 17D qui protège contre les sérotypes 1, 2, 3 et 4 chez les sujets âgés de 9 à 45 ans ayant un antécédent d’infection par le virus de la dengue et vivant dans des zones d’endémie. Les autres moyens de lutte sont le contrôle des moustiques vecteurs dans les zones concernées et la protection individuelle contre les piqûres de moustiques.

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À l’Institut Pasteur

La dengue est une maladie très étudiée à l’Institut Pasteur. Plusieurs équipes travaillent sur des thématiques complémentaires et pluridisciplinaires dans les domaines de la recherche fondamentale comme appliquée. Ces équipes sont rassemblées en un groupe de travail transversal, codirigé par Anavaj Sakuntabhai et Frédéric Tangy, déployant une stratégie sur les différents aspects de l’épidémie dans le but de la stopper.

Le laboratoire Arbovirus et insectes vecteurs, que dirige Anna-Bella Failloux, s’intéresse au cycle viral au sein des moustiques vecteurs, et à leur aptitude à transmettre le virus. Cette équipe a démontré que le moustique tigre Aedes albopictus présent dans le sud de la France était aussi efficace que le vecteur traditionnel Aedes aegypti à transmettre le virus de la dengue ; ce résultat interrogeant sur les performances d’un système vectoriel « tempéré ».

L’unité de Felix Rey (Virologie structurale) travaille quant à elle sur la structure 3D du virus, et tente, par cette approche, de déterminer des drogues bloquant le virus.

Récemment, plusieurs équipes de l’Institut Pasteur, coordonnées par Antoine Gessain, se sont associées au sein du programme transversal de recherche DEVA. Ce dernier a permis de développer sur le campus de l’Institut Pasteur de Paris un outil de diagnostic moléculaire pour les virus chikungunya, de la dengue et West Nile. Il s’agit d’une puce à ADN qui permet d’effectuer le diagnostic de l’infection virale aiguë à partir d’un liquide biologique comme le sang ou le sérum. Cette puce est aussi capable de caractériser le génome du ou des virus présent(s) dans l’échantillon biologique infecté.

Des études sont également menées au sein des instituts du Pasteur Network, entre lesquels les collaborations se sont mises en place sur la dengue : ce réseau présente l’avantage d’être une structure solidement implantée et reconnue en proximité des zones et population exposées au virus.


VIDEO - Introducing defeat dengue program

Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d'expertise arbovirus et insectes vecteurs

Defeat Dengue is a new transversal program that brings together talents and skills of Institut Pasteur researchers working on different aspects of dengue, with the aim of jointly developing a number of innovative tools to control dengue disease.


Chiffres – OMS et Santé Publique France


Juillet 2021

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