À l’Institut Pasteur, Sarah Merkling explore un territoire encore largement méconnu : les interactions entre moustiques et virus. Grâce aux technologies de pointe, elle imagine avec audace des stratégies inédites. Son objectif : combattre des maladies qui gagnent du terrain telles que la dengue ou le Zika, qui menacent aujourd’hui plus de 50 % de la population mondiale.
Sarah Merkling n’avait jamais rêvé de devenir chercheuse. Jusqu’au jour où, jeune étudiante, elle est happée par un cours de biologie consacré à la génétique. Merci à Mme Hol, professeure au lycée de Wissembourg, en Alsace ! C’est décidé, Sarah va poursuivre ses études sur la compréhension du vivant !
Curieuse et passionnée, sa thèse se consacre aux drosophiles, ces petites mouches qui ont révolutionné la biologie. Puis elle oriente ses recherches vers un animal bien plus hostile à
l’humain : le moustique Aedes aegypti, principal vecteur de la dengue, du Zika et de la fièvre jaune.
Former l’IA, rester critique !
Aujourd’hui, dans son laboratoire, Sarah Merkling mène un combat : comprendre comment les moustiques deviennent, ou non, les relais de virus redoutables.

Mon objectif est de développer et de tirer parti des avancées technologiques pour dévoiler les principes fondamentaux des interactions moustique-virus
Cette ambition se traduit par une collaboration avec le hub de bio-informatique de l’Institut Pasteur et Laura Cantini, mathématicienne. Sarah souhaite analyser les 8000 cellules qui constituent l’estomac du moustique et qui sont les portes d’entrées pour le virus.

Tout commence dans l’estomac du moustique ! c’est ici que tout se joue ! Les technologies de pointe nous permettent d’analyser chaque cellule et de comprendre quels sont les facteurs qui participent à l’entrée et à la multiplication du virus
Ce traitement de données considérable va être possible grâce à l’intelligence artificielle (IA). Pour cela, il faut dans un premier temps, alimenter une base de données et créer un socle de connaissances. Mais la scientifique reste prudente, l’IA ne se suffit pas à elle-même, et le travail de validation de ces résultats à la paillasse sera toujours (et peut-être plus que jamais) nécessaire.
Vers un moustique inoffensif ?
Par ailleurs, grâce à des techniques de modifications génétiques via CRISPR-Cas9, Sarah imagine des moustiques “pasteurisés”, incapables de transmettre des maladies.
Il existe une grande diversité parmi les plus de 3500 espèces de moustiques à l’échelle de la planète. Cette diversité naturelle des moustiques n’est pas un obstacle pour la chercheuse, plutôt une opportunité pour comprendre les caractéristiques infectieuses de certaines espèces.

Certaines populations de moustiques sont capables de transmettre des virus aux hommes de façon très efficace, alors que d'autres le sont beaucoup moins.
La diversité naturelle des moustiques est incroyable : c’est une chance pour comprendre pourquoi certains résistent aux infections virales alors que d’autres y sont susceptibles
L’équipe collabore avec ceux qui travaillent sur le terrain, soit dans le Pasteur Network, soit collaborateurs de l'IRD. Ils reçoivent des œufs déshydratés, qu'ils remettent en eau au laboratoire. Sarah décrit leur "petit zoo de moustiques" avec 25-30 colonies représentant toute la zone tropicale.
Une ambition humaine au cœur de la science
Sarah Merkling ne se contente pas de repousser les frontières de la science. Elle se veut aussi une mentor engagée, décidée à accompagner la prochaine génération de scientifiques et à défendre une recherche plus ouverte, plus égalitaire et plus connectée à la société. Dans un contexte où la désinformation menace la confiance envers la science, elle revendique une mission citoyenne : partager les savoirs, expliquer les découvertes, et rappeler que derrière chaque avancée se cache un objectif simple mais vital – protéger la santé de chacun.
Sarah Merkling en quelques dates
Parcours académique
2025 : Lauréate d’un groupe à 5 ans (G5) à l’Institut Pasteur, Paris, France.
Depuis janvier 2025 : Cheffe du groupe “Immunité et infection des insectes” à l’Institut Pasteur, Paris, France
Depuis janvier 2024 : Directrice adjointe du département de virologie Institut Pasteur, Paris, France
Octobre 2022 : Obtention de l’ERC Starting Grant “ITSaMATCH” pour l’étude de la compatibilité virus-moustique au niveau de la cellule unique.
Depuis novembre 2020 : Chargée de recherche (CRCN) - UMR 2000, CNRS. Unité Interactions Insectes-Virus, Institut Pasteur, Paris, France
Décembre 2015 : Chercheuse postdoctorale dans l’équipe “Interactions Virus-Insectes" du Dr. L. Lambrechts à l’Institut Pasteur et au CNRS.
Décembre 2010 - Septembre 2015 : Doctorante dans l’équipe du Pr. R. van Rij au Centre médical universitaire Radboud, Nimègue, Pays-Bas
Prix-Récompenses
2018 : Prix L'Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science
2018 : Prix de la meilleure présentation orale (Journées de virologie, Institut Pasteur)
2017 : Bourse postdoctorale Pasteur-Roux-Cantarini




