Le SARS COV-2, virus responsable de la pandémie de COVID-19 (nom de la maladie), a été détecté à ce jour dans plus de 180 pays. Il a causé une crise sanitaire unique en son genre, par son ampleur et son impact massif sur l’économie mondiale, liée notamment aux mesures de confinement. Face à ces défis, les 32 instituts du Réseau International des Instituts Pasteurs (RIIP) se mobilisent. Les professionnels de santé et les scientifiques unissent leurs efforts et leurs ressources pour étudier ce nouveau virus et ses conséquences sur l’homme, savoir le diagnostiquer et développer de nouveaux traitements et vaccins.
En France, dès le mois de janvier, une Task Force Coronavirus a été mise en place par l'Institut Pasteur à Paris pour coordonner les recherches des équipes pasteuriennes. A ce stade, 16 projets de recherche ont été lancés et plusieurs autres le seront très prochainement (cf l’état des lieux des travaux engagés).
Les instituts Pasteur du RIIP étant également éligibles aux appels d’offre de la Task force, 19 projets mobilisant les équipes de 20 Instituts du réseau ont été sélectionnés. Ces projets couvrent de nombreux domaines de recherche comme les investigations cliniques et épidémiologiques, le développement d’outils diagnostiques, la recherche d’anti-viraux, l’immuno-vaccination et l’exploration des réservoirs animaux et sauts d’espèces. Tous ces travaux sont engagés dans les Instituts du RIIP des cinq continents.
Les pays du sud-est Asiatique, du fait de leur proximité géographique avec le foyer initial de l’épidémie, ont rapidement déployé un soutien opérationnel aux autorités sanitaires de leur pays respectifs.
Ainsi l’institut Pasteur du Cambodge, joue un rôle dans le traçage des contacts des personnes infectées et les équipes cambodgiennes se sont organisées pour effectuer jusqu’à 300 tests diagnostiques par jour. Elles évaluent les risques de transmission du SARS COV-2 dans la région du delta du Mékong sur les marchés des animaux vivants, en particulier chez les espèces menacées. Ce projet a été sélectionné pour financement par le consortium Reacting.
Pour sa part, l’Institut National d’Hygiène et d’Epidémiologie du Vietnam et l’Institut Pasteur du Laos travaillent activement à la recherche de l’origine et de la transmission du SARS COV-2. Le projet vise à détecter chez les humains et les animaux exposés au virus, les infections antérieures à coronavirus passées inaperçues.
L’Institut Pasteur de Corée, grâce à sa plateforme technologique avancée, a confirmé les potentiels thérapeutiques d’un corticostéroïde, médicament utilisé pour traiter l’asthme, et d’un antiparasitaire, dans des cellules infectées par les coronavirus, dont le SARS COV-2.
L’Afrique risque de payer un lourd tribut sanitaire, social et économique suite à la vague pandémique en raison de ses ressources limitées. En effet, pour ce continent, la question des tests diagnostiques est cruciale si l’on veut suivre la consigne de l’OMS « Testez, testez, testez », Disposer de tests rapides, faciles à réaliser et de cout abordable est une priorité. L’Institut Pasteur de Dakar (IPD), en collaboration avec l’entreprise de biotechnologie britannique Mologic et l’IRD, travaillent sur la mise au point de ce type de tests dans une perspective de production locale.
L’Institut Pasteur de Tunis travaille dans le cadre d’un partenariat technologique avec le pole Pasteur de l’Université de Hong Kong (IP-HKU) et l’Institut Pasteur de Paris, sur un test sérologique Elisa, qui a pour but de détecter les anticorps du SARS COV-2. Ce test utilise comme antigène cible soit la protéine N entière du virus ou une partie du virus - le domaine extracellulaire de la spicule S. Les protéines recombinantes qui seront produites seront mises à disposition de tous les instituts du RIIP. Ce test permettra de mener de grandes enquêtes séro-épidémiologiques afin de connaitre l’ampleur de la diffusion dans le temps et l’espace du virus. Un financement de 2 millions d’euros a été très récemment accordé par le MEAE à l’Institut Pasteur et à 10 membres de son Réseau implantés en Afrique, pour conduire les recherches susceptibles d’éclairer les spécificités africaines de la pandémie et la nécessaire adaptation des mesures préventives au contexte loco régional.
Face à une maladie émergente, les besoins de formation sont importants. L’Institut Pasteur de Dakar (IPD) a été missionné par le Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies (African CDC) pour former les personnels des laboratoires de la région dans la reconnaissance du SARS COV-2. L’IPD a ainsi reçu, fin février, les représentants de laboratoires de quinze pays africains.
Cette politique de formation participe au renforcement des capacités de chaque pays face à la gestion de l’épidémie du COVID-19. Ces différentes initiatives de partage d’expérience et soutien logistique bénéficient aussi du soutien de programmes mis en place avant l’épidémie tels que « ASIDE » (DHHS) dédié à la surveillance et la préparation aux émergences infectieuses, ou « MEDILABSECURE » (UE-DEVCO), dédié à la mise en réseau d’institutions publiques multidisciplinaires de 22 pays du pourtour méditerranéen, de la Mer Noire et du Sahel. Une formation en ligne des personnels hospitaliers, a été acceptée pour un financement de la DG-DEVCO.
Ainsi, la collaboration entre les instituts du RIIP et l’expertise collective qu’ils mobilisent, pourront faire la différence dans la lutte contre la pandémie, tout particulièrement dans les pays en développement et pour les populations en situation précaire.
Trois projets pour combattre l’épidémie COVID-19
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Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.