
En 1923, elle part se former, à 32 ans, auprès des Pasteuriens : à Lille (elle assiste aux premières préparations du BCG par Calmette et Guérin), à Strasbourg, au Brabant, puis à Paris où elle suit le Cours de Microbiologie, et enfin à l’Institut Pasteur de Tunis avec celui qui deviendra son mentor, Charles Nicolle (prix Nobel de médecine 1928 pour ses découvertes sur le typhus*).
De retour en Pologne, elle organise une campagne de vaccination contre la scarlatine, devient Professeur à l’Université de Varsovie, occupe la chaire de bactériologie, lutte contre le choléra, organise le contrôle sanitaire des Polonais rapatriés de Russie, tout en menant ses recherches. En 1931, elle part en mission au Mexique et au Guatemala avec Charles Nicolle, qui l’embauche deux ans plus tard à l’Institut Pasteur de Tunis. Elle ne quittera plus cet institut auréolé de la gloire du Nobel.
Pendant la Seconde guerre mondiale, elle maintient son travail scientifique dans Tunis bombardée, reçoit des réfugiés français, dont André Gide, cache résistants et déserteurs polonais de l’armée allemande. Elle poursuivra jusqu’à un âge tardif ses recherches sur le typhus et d’autres maladies, partant encore pour l’OMS à 67 ans étudier des foyers de fièvre récurrente en Éthiopie. « Elle fut une des personnalités les plus connues des cercles internationaux en épidémiologie ces 25 dernières années. Son génie scientifique, son énergie phénoménale et son enthousiasme (…) allaient de pair avec a grande beauté et son charme prodigieux » relatait le British Medical Journal à son décès, en 1970.
*Il découvrit le rôle du pou dans la transmission du typhus.
QUAND HÉLÈNE SPARROW FIT D’ELLE-MÊME UN COBAYE En 1921, Hélène Sparrow commit un acte qui marqua les esprits de l’époque. Le célèbre pédiatre Robert Debré, qui fût son admirateur et ami, écrivait : « elle avait pensé atténuer l’agent responsable [du typhus] (…) et avoir transformé le germe pathogène en un produit vaccinal que les chercheurs de différents laboratoires du monde tentaient d’obtenir. Pour vérifier son hypothèse, Hélène Sparrow s’injecta la préparation qu’elle avait réalisée, mais l’agent pathogène n’était pas suffisamment atténué et le mal terrible se déclara. Son entourage effrayé s’interroge sur la nature de la maladie ; c’est alors seulement qu’Hélène Sparrow avoue son acte téméraire qui heureusement ne lui coûta pas la vie ». Robert Debré y vit un épisode qui montre « bien la noblesse du caractère d’Hélène Sparrow et qui plus qu’aucune phrase élogieuse la peint telle qu’elle fût ». |
> 5 juin 1891 Naît près de Kiev (Russie), de parents polonais. > 1915 Médecin dans les formations sanitaires de l’Armée russe. > 1918 -1920 Entre à la clinique universitaire de Dorpat (Estonie), puis à l’Institut de bactériologie à Kiev. > 1920 Chef du service de vaccinations préventives à l’Institut d’hygiène de l’État à Varsovie. Mission sur le choléra à Grodno (Biélorussie). > 1921-1933 Recherches à l’Institut du typhus exanthématique de l’université de Lwow (Pologne). Organise le contrôle sanitaire des Polonais rapatriés de Russie (1922). > 1923-1924 Stages dans des Instituts Pasteur (Lille, Bruxelles) et à l’Institut d’hygiène de Strasbourg. Cours de microbiologie à l’Institut Pasteur à Paris. > 1925 Stage sur le typhus à l’Institut Pasteur de Tunis auprès de Charles Nicolle. > 1925 Mène une vaccination en masse contre la scarlatine en Pologne, assistée par Robert Debré, envoyé par la Société des Nations. > 1928 Thèse : Problèmes de lavaccination contre le typhusexanthématique. Professeur agrégé de la faculté de médecine de l’université de Varsovie.Professeur titulaire de bactériologie. > 1930-1933 Organise les vaccinations antidiphtérie en Pologne. > 1931 Mission d’étude du typhus au Mexique et au Guatemala avec Charles Nicolle. > 1933 Chef de laboratoire à l’Institut Pasteur de Tunis. Naturalisation française. > 1940 Mise au point du vaccin antityphique Durand-Sparrow. > 1940-1945 Continue ses recherches. > 1945-1960 Chef du service du BCG de l’Institut Pasteur de Tunis (1949). Instruit des bactériologistes américains et anglais. Mission en Éthiopie pour l’OMS (1958) sur une fièvre récurrente. > 1962 Se retire en Corse. > 13 novembre 1970 Décès. |