Paludisme : la protéine MSP4 de Plasmodium falciparum est une cible potentielle pour un vaccin

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Selon les estimations de l’OMS, il y a eu en 2015, 212 millions de cas de paludisme et 429 000 décès dans le monde. L’Afrique sub-saharienne concentre à elle seule 90% des cas et 92% des décès. Le parasite Plasmodium falciparum, responsable de la majorité des décès y est le plus répandu. Depuis 2010, les mesures de lutte intégrées (moustiquaires imprégnées, pulvérisation d’insecticides…) ont permis de faire largement diminuer la charge du paludisme parmi les populations à risque et le taux de mortalité a chuté de 29% au niveau mondial. Cependant, ces avancées sont compromises par la résistance croissante des vecteurs aux insecticides et du parasite aux médicaments.  La mise au point d’une stratégie vaccinale efficace reste donc une priorité pour l’avenir.

Chez les personnes infectées, la forme circulante du parasite qui infecte les globules rouges est appelée mérozoïte. Certaines protéines à la surface de ces mérozoïtes, MSP, sont des cibles privilégiées pour le développement de vaccin car elles induisent des anticorps capables de bloquer l'invasion parasitaire et d'éliminer les mérozoïtes.

Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar, de l’Institut Pasteur à Paris et de l’IRD travaillent conjointement depuis plusieurs années sur la validation de candidats vaccins dans le cadre du suivi actif des populations des villages de Dielmo et Ndiop, situés au sud du Sénégal près de la frontière avec la Gambie.

Les résultats d’une étude menée à Ndiop qu’ils viennent de publier dans la revue Vaccine montrent que MSP4, protéine majeure du mérozoïte, est une cible significativement associée à la protection clinique, indépendamment de l’âge. La protéine induit naturellement une forte réponse en anticorps en zone d’endémie associée à une diminution de 20-25% de la morbidité. Les résultats publiés montrent également que ces anticorps spécifiques sont associés à une fonction effectrice de destruction du parasite dépendante des polynucléaires neutrophiles (Antibody Dependent Respiratory Burst) et peuvent contribuer jusqu’à 60% de cette fonctionnalité chez certains individus.

La protéine MSP4 est donc un antigène intéressant à intégrer dans un candidat-vaccin associant plusieurs cibles qui sont actuellement testées séparément et dont la synergie pourrait être synonyme d’efficacité accrue dans les essais cliniques.


Source:

Association of antibodies to Plasmodium falciparum merozoite surface protein-4 with protection against clinical malaria.

Perraut R(1), Varela ML(2), Joos C(2), Diouf B(2), Sokhna C(3), Mbengue B(4), Tall A(5), Loucoubar C(6), Touré A(2), Mercereau-Puijalon O(7).

(1) Unité d'Immunologie, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.

(2) Unité d'Immunologie, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.

(3) Institut de Recherche pour le Développement (IRD), URMITE, UMR 198, Dakar,Sénégal.

(4) Unité d'Immunogénétique, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.

(5) Unité d'Epidémiologie, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.

(6) Institut Pasteur de Dakar, G4 Biostatistiques Bioinformatique et Modélisation, Dakar, Sénégal.

(7) Institut Pasteur, Département Parasites et Insectes Vecteurs, 25 Rue du Dr. Roux, 75015 Paris, France.

DOI: 10.1016/j.vaccine.2017.10.012

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