L'Institut Pasteur est engagé dans AMAZED : un projet multidisciplinaire visant à étudier les mécanismes d’émergences d’arbovirus, c’est-à-dire de pathogènes transmis par des insectes vecteurs. Ce projet, dont la coordination est assurée par l’Institut Pasteur de la Guyane, réunit l’Institut Pasteur et trois instituts ultramarins membres du Pasteur Network (Guyane, Guadeloupe et Nouvelle-Calédonie) ainsi que des partenaires externes. AMAZED vient de recevoir un financement de 2,5 millions d’euros.
Les zoonoses représentent un enjeu scientifique et planétaire considérable. Il existe plus de 200 types connus de zoonoses, et elles représentent un pourcentage important des maladies nouvelles et existantes chez l’homme (en savoir plus sur le site de l’OMS). Leurs émergences et ré-émergences sont profondément liées aux pressions exercées sur les socio-écosystèmes par les activités humaines (utilisation des sols, changement climatique, urbanisation, intensification de l'élevage, etc.). Dans ce contexte de changements globaux, la recherche ultramarine est mise à l’honneur à travers le projet AMAZED (Amazonian Arbovirus Emergence Risk) coordonné par l’Institut Pasteur de la Guyane.
Le projet AMAZED vient de recevoir un financement de 2,5 millions d’euros dans le cadre de l’initiative nationale « France 2030 » (et son programme PEPR PREZODE sur les maladies zoonotiques). Il s’agit d’un soutien important de l’Etat français pour préparer le pays à une éventuelle future crise sanitaire majeure, dans le cadre de sa stratégie d'accélération Maladies infectieuses émergentes (MIE), inscrite dans le volet « santé innovation » du Plan d’investissement France 2030.
Etudier les mécanismes d’émergences d’arbovirus
AMAZED, dont la coordination est assurée par Jean-Bernard Duchemin, médecin de formation et entomologiste à l’Institut Pasteur de la Guyane, va étudier les mécanismes d’émergences de pathogènes à vecteurs (ou arbovirus). Ce grand projet multidisciplinaire prend en compte l’approche « One Health » c’est-à-dire les liens entre la santé des animaux, des végétaux et des êtres humains, ainsi que les perturbations de l'environnement.
Le projet testera l’impact des changements liés à l’homme sur l’émergence de ces virus transmis par des vecteurs (dont le réchauffement climatique et l’empiètement humain dans les espaces naturels par l’exploitation des ressources et le développement des surfaces agricoles). La comparaison des contextes insulaires et continentaux permettra de vérifier les hypothèses et d’apprécier les risques associés à des facteurs entomologiques (liés aux insectes) ou humains. Les résultats attendus du projet pourraient aussi permettre de développer des stratégies et des outils de prévention des risques d’émergence de ces virus et donc de prévenir certaines épidémies.
Une collaboration internationale contre des maladies émergentes
Le projet AMAZED s’étend sur plusieurs territoires d’outre-mer (Guyane, Caraïbes, Pacifique Sud) ainsi qu’au Cameroun et en France continentale. Il rassemble quatre instituts membres du Pasteur Network, dont trois ultramarins :
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l’Institut Pasteur,
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l'Institut Pasteur de la Guyane,
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l'Institut Pasteur de la Guadeloupe,
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et l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie.
Le projet AMAZED réunit également des partenaires externes : l’Anses, le CNRS, l’IRD et l’EHESP (Ecole des hautes études en santé publiques).
A Paris, le consortium regroupe cinq unités de recherche de l’Institut Pasteur :
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Plateforme Biomics /Marc Monot,
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Unité Virus et interférence ARN /Carla Saleh,
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Laboratoire de découverte de pathogènes /Nolwenn Dheilly,
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Cellule d’intervention biologique d'urgence /Jean-Claude Manuguerra,
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Unité Arbovirus et insectes vecteurs /Anna-Bella Failloux.
Des ressources mutualisées pour étudier les transmissions dues à des insectes vecteurs
Le projet AMAZED va bénéficier :
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De protocoles et d’outils standardisés qui permettent de garantir la reproductibilité des résultats dans l’examen des différents contextes quant aux processus d’émergence des espaces naturels vers les espaces urbains.
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De technologies de pointes liées aux infrastructures des organismes partenaires.
- L’étude des insectes vecteurs est réalisée dans les insectariums français de niveau de confinement 3 (P3/BSL3) présents en Amérique latine, Caraïbes, région Pacifique Sud et en France continentale.
- En parallèle, plusieurs équipes expérimentées en séquençage profond et en virologie apportent leurs expertises pour le criblage d’arbovirus connus et inconnus. Ceci, combiné à des études sérologiques chez l’être humain et l’animal, permet d’apprécier plus précisément le risque d’émergence.
Ce consortium réunit toute l’expertise nécessaire pour opérer dans différents territoires, afin de présenter et étudier des conditions variées et contrastées de transmission vectorielle et offrir un panorama étendu d’émergences potentielles d’arbovirus.