Légionellose

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De nombreuses épidémies de légionellose ont été décrites en Amérique du Nord, en Asie et en Europe.

L'incidence de la maladie est mal connue car tous les cas ne sont pas diagnostiqués.

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Cause

Le genre Legionella comprend une soixantaine d’espèces, elles mêmes recouvrant plusieurs dizaines de sérogroupes. Cependant, plus de 90% des cas de légionellose diagnostiqués par culture sont dus à la seule espèce Legionella pneumophila et plus de 85% des cas sont même occasionnés par des isolats du sérogroupe 1. Le diagnostic des cas à L. pneumophila non sérogroupe 1 est néanmoins en augmentation du fait de l’extension de l’utilisation de la PCR comme méthode diagnostic. Les seules exceptions sont l’Australie et la Nouvelle Zélande où les souches de Legionella pneumophila de sérogroupe 1 sont responsables de seulement 45,7% des cas de légionellose et Legionella. longbeachae est associée à 30,4% des cas.

Les Legionella font partie de la flore aquatique et sont trouvées dans de nombreuses sources d’eaux douces chaudes. La présence de dépôts organiques et d’autres micro-organismes, ainsi que de fer, zinc et aluminium dans les installations favorisent leur croissance. Elles sont résistantes à la chaleur et peuvent de ce fait être retrouvées au fond de cuves d’eau chaude. Ce sont des bactéries intracellulaires mais qui peuvent survivre à l’extérieur des cellules. En milieu hydrique, elles se multiplient au sein des amibes présentes, puis, lorsque ces dernières meurent, elles se répandent dans l’eau et elles sont alors ingérées par un nouvel hôte (une cellule) qui va permettre de nouveaux cycles de multiplication.

Épidémiologie

La légionellose doit son nom à une épidémie survenue en 1976 chez 182 participants du 58e congrès de la Légion Américaine à Philadelphie, dont 29 sont décédés : la bactérie Legionella pneumophila, qui affectionne particulièrement les eaux tièdes (de 30 à 60°), s’était propagée par le système de climatisation de leur hôtel. L’émergence récente de cette maladie s’explique par son affinité pour les systèmes modernes d’alimentation en eau comme les tours de refroidissement, les climatiseurs, les bains à jet, les bains à remous (jacuzzi), les canalisations d’eau chaude, etc.

Des épidémies fréquentes

Depuis 1976, de nombreuses épidémies de légionellose ont été décrites en Amérique du Nord, en Asie et en Europe : on estime d’ailleurs entre 8 000 à 18 000 le nombre de cas de légionellose chaque année aux Etats-Unis. Par contre, la vraie incidence n’est pas connue car tous les cas ne sont pas diagnostiqués et/ou notifiés. En France, entre 1600 et 2000 cas sont déclarés chaque année.

L’amélioration de la surveillance permet désormais de détecter plus efficacement les foyers d’apparition de cas groupés et, depuis 1998, plusieurs épidémies ayant pour origine des tours aéro-réfrigérentes (Tar) ont été identifiées. L’épidémie intervenue dans le courant de l’hiver 2003 dans le Pas-de-Calais est la plus importante observée jusqu’alors tant en nombre de cas (près de 90 cas constatés et 17 morts) que pour l’étendue du territoire concerné : des personnes ont été contaminées à une dizaine de kilomètres du foyer identifié de propagation, une Tar située dans la ville de Harnes. Cette épidémie a mis particulièrement en lumière les difficultés de maîtrise des foyers de prolifération de Legionella pneumophila puisque, pour la première fois, deux arrêts de la source industrielle pour décontamination totale ont été nécessaires à un mois d’intervalle pour parvenir à stopper l’épidémie.

Transmission

La voie de transmission reconnue chez l’homme est l'inhalation d'aérosols infectieux provenant d'environnements aquatiques. Après inhalation des aérosols, les bactéries présentes sont absorbées au niveau des alvéoles pulmonaires puis elles envahissent les macrophages, cellules du système immunitaire, qu’elles finissent par détruire. Seul un cas de légionellose par contamination inter-humaine a été rapporté dans la littérature. Ce cas rapporte une très grande proximité entre les deux personnes dans un espace confiné et sur un temps long. Les malades atteints de légionellose ne sont pas contagieux.

La douche, les spas type bains à remous et les TAR sont les principales causes de contamination mais toute eau contaminée générant des aérosols doit être considéré comme une source potentielle de contamination. 

Symptômes et traitement

Après une période d’incubation de 2 à 10 jours, la légionellose se manifeste par des infections pulmonaires aiguës de type pneumopathies. Les premiers symptômes ressemblent à une grippe (fièvre, toux sèche) suivis par une augmentation de la fièvre qui peut atteindre 39.5 °C. Le malade ressent alors des sensations de malaise, ainsi que des douleurs abdominales (nausées, vomissements, diarrhées), accompagnées de troubles neurologique (altération de la conscience de type confusion jusqu’au coma).

La maladie peut évoluer avec deux types de complications : une insuffisance respiratoire irréversible et une insuffisance rénale aiguë, qui sont alors souvent fatales. Les facteurs de risque de cette maladie sont un âge supérieur à 50 ans, le sexe masculin, le tabac, un diabète, un cancer ou toute hémopathie ainsi que les thérapies par corticoïdes ou immunosuppresseurs.

La bactérie, naturellement résistante aux pénicillines habituellement utilisées dans le traitement des pneumopathies, peut être efficacement combattue par d’autres antibiotiques, s’ils sont prescrits à temps, comme les macrolides (azithromycine, érythromycine), les fluoroquinolones ou la rifampicine.

À l’Institut Pasteur

L’unité de Biologie des bactéries intracellulaires, dirigée par Carmen Buchrieser, est spécialisée dans l’étude des Legionella. Elle mène notamment des études de génomique comparative et fonctionnelle et d’épidémiologie moléculaire pour comprendre comment Legionella peut détourner les fonctions de l’hôte pour causer la maladie. l’environnementSes récentes avancées ont mis en évidence un mécanisme qui permet à Legionella pneumophila de « reprogrammer » l’expression des gènes des cellules qu’elle infecte ce qui facilite la survie et la prolifération de Legionella pneumophila pendant l’infection ainsi que les mécanisms d’évolution qui peuvent permettre une bactérie environnementale inoffensive de devenir un pathogène humain redouté.


Janvier 2021

Les équipes à l’Institut Pasteur mobilisées sur le sujet

Entités de recherche

Laboratoire Biologie des bactéries intracellulaires dirigé par Carmen Buchrieser


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