Depuis 2022, le monde fait face à une sévère épizootie de grippe aviaire, touchant les volatiles, et parfois aussi des mammifères d’élevage, notamment causée par le virus de la grippe A (H5N1). Quelques cas sporadiques sont parfois retrouvés chez l’être humain, pour l’instant à chaque fois des personnes en contact proches avec des animaux infectés. Le virus H5N1 circule partout dans le monde, sauf en Australie. Et l’événement notoire de cette épidémie en cours est le passage de la grippe aviaire chez les vaches laitières, confirmée par l’OMS en mai 2024. Que savons-nous exactement de cette maladie ? Quelles sont les mesures prises pour la contenir ? Que fait l’Institut Pasteur ? Nos réponses.
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- La grippe aviaire, c’est quoi ?
- Un enfant est-il vraiment mort de grippe aviaire au Mexique ?
- On parle de grippe aviaire. Comment le virus H5N1 de la grippe aviaire se transmet-il à l’être humain ?
- Le risque qu’un être humain attrape la grippe aviaire est-il élevé ?
- Où sévit l’épidémie de grippe aviaire en 2025 ?
- Observe-t-on la grippe aviaire en France ?
- Quel est le risque pour un voyageur qui se rendrait dans une région du monde où l’épidémie de grippe aviaire est forte ?
- Combien de cas humains de grippe aviaire dénombre-t-on depuis 2024 ? Et combien de décès ?
- Quelles sont les mesures de prévention et de contrôle, face à la grippe aviaire ?
- Comment est surveillée la grippe aviaire en France ?
- Comment diagnostiquer la grippe A(H5N1) ?
- Les pays développés sont-ils prêts à affronter une éventuelle pandémie ?
La grippe aviaire, c’est quoi ?
Le terme grippe aviaire désigne en fait plusieurs entités. Il se rapporte à l’infection d’oiseaux par un virus Influenza A (grippe A). Ces infections revêtent des formes très variées. Certains virus particuliers sont responsables d’épidémies chez la volaille domestique entrainant une très forte mortalité. Ces épisodes qualifiés antérieurement de « pestes aviaires » sont désignés sous le nom de grippe aviaire. L’infection humaine par une souche de virus influenza d’origine animale dont aviaire, est appelée grippe zoonotique. Le terme de grippe aviaire reste toutefois parfois employé pour désigner ces épisodes zoonotiques.
Découvrez notre fiche maladie Grippe aviaire.
Cette fiche traite des grippes zoonotiques (infections humaines)
causées par des virus influenza d’origine aviaire.
Un enfant est-il vraiment mort de grippe aviaire au Mexique ?
Malheureusement oui. L’enfant a présenté les premiers symptômes, fièvre fatigues, vomissement le 7 mars 2025. Elle a été hospitalisée le 13 mars pour insuffisance respiratoire et est décédée le 8 avril de complications respiratoires malgré un transfert en soins intensifs et un traitement antiviral instauré dès le début de l’hospitalisation. Les analyses ultérieures ont révélé une infection par le virus A (H5N1) de la grippe aviaire. Source OMS
Un premier décès par le virus A(H5N1) avait déjà été constaté aux Etats-Unis (en Louisiane), en janvier 2025, chez un adulte avec des comorbidités.
On parle de grippe aviaire. Comment le virus H5N1 de la grippe aviaire se transmet-il à l’être humain ?
En effet, le virus influenza A(H5N1) qui circule principalement chez les oiseaux peut dans de rares cas infecter les humains. La contamination résulte souvent d’un contact direct avec des animaux infectés ou des environnements fortement contaminés, mais parfois la source n’est pas identifiée. Les humains peuvent aussi se contaminer au contact de mammifères contaminés comme les vaches laitières aux USA chez qui un virus H5N1 circule depuis plus d’un an.
L’enfant mexicain, une jeune fille décédée en avril 2025, a contracté la grippe aviaire A(H5N1) sans que les autorités puissent déterminer précisément comment. Cependant, le même virus a été identifié chez des volailles malades dans l'État de Durango, ce qui suggère une possible infection par contact direct avec des oiseaux porteurs du virus A(H5N1) ou par exposition à un environnement contaminé. Début mai 2025, au moment où nous écrivons ces lignes, une enquête est toujours en cours.
Le risque qu’un être humain attrape la grippe aviaire est-il élevé ?
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que le risque général pour la population reste faible, car il n’y pas de cas de transmission interhumaine. Aucun être humain ne transmet aujourd’hui la grippe A (H5N1) à un autre être humain. Seuls des cas sporadiques sont observés avec passage du virus de l’animal à l’être humain : le risque pour les personnes exposées professionnellement (monde agricole) est considéré comme faible à modéré.
L’OMS continue de surveiller de près la situation et recommande une vigilance accrue et le renforcement des systèmes de surveillance mondiale pour détecter rapidement la propagation de ces virus. Source OMS
Où sévit l’épidémie de grippe aviaire en 2025 ?
La diffusion géographique de la grippe A(H5N1) est mondiale dans la faune sauvage. Seule l’Australie est épargnée, le virus a même été détecté sur les terres australes françaises. De très nombreuses espèces d’oiseaux sauvages sont touchées avec de nombreux foyers chez la volaille domestique et de nombreux cas de transmission à des mammifères.
Aux USA, la situation est particulièrement sévère : plus de 168 millions de volailles ont été abattues depuis 2022 avec environ 1700 foyers détectés. Le virus A(H5N1) circule chez les bovins désormais, avec plus de 1000 élevages touchés dans 17 Etats américains. Le passage du virus de la grippe aviaire des oiseaux aux vaches laitières, aux USA, a été confirmé par l’OMS lors d’une conférence d’experts organisée le 1er mai 2024.
Le nombre de cas important aux Etats-Unis s’explique probablement, en partie, par cet événement inattendu du passage du virus chez les bovins. Les contacts sont plus étroits entre les vaches et les êtres humains (dans le secteur agricole, par ex.) qu’avec les volailles. Les Etats-Unis sont également un pays où la surveillance est très organisée, comme en Europe, avec une détection efficace des cas qui apparaissent, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays moins développés où le virus circule aussi beaucoup mais le dénombrement des cas peut-être moins complet/précis.
Observe-t-on la grippe aviaire en France ?
L’épidémie observée dans le monde a en effet touché la France. Les oiseaux sauvages ont été très touchés avec des mortalités parfois massives comme par exemple chez les fou de Bassan (plus de 20 000 décès sur les iles bretonnes l’été 2022).
Des contaminations d’élevages de volailles domestiques à partir de la faune sauvage ont été observées en particulier en Bretagne et dans le Sud-Ouest.
En 2023, des élevages de canards dans le Sud-Ouest ont été contaminés par le virus A(H5N1). La France a procédé à des abattages sanitaires en 2022 pour contenir l’influenza aviaire dans les élevages. Au total ce sont 40 millions volailles qui ont été abattues depuis 2015 en France, dont 32 millions depuis 2022.La vaccination des canards engagée depuis l’automne 2023 fonctionne et a jugulé l’épidémie dans les élevages français. Mais on observe toujours une circulation dans la faune sauvage en France.
La surveillance est active (lire plus bas) et il n’y a pas de transmission de l’animal à l’être humain en France, ni en Europe, sauf un cas humain en Grande-Bretagne, soigné et guéri.
Quel est le risque pour un voyageur qui se rendrait dans une région du monde où l’épidémie de grippe aviaire est forte ?
Pour les voyageurs, des précautions spécifiques sont recommandées : éviter les marchés d'animaux vivants, les fermes, les abattoirs et les environnements suspects de contamination, et adopter rigoureusement des mesures d'hygiène.
L’OMS ne recommande pour l’heure aucune restriction spéciale de voyages, et encourage juste la vigilance.
Une recommandation générale à toutes et tous est d’avoir conscience qu’un cadavre d’oiseaux peut contenir des virus. Il faut s’en méfier, ne jamais ramasser ces cadavres, par ex. les cadavres d’oiseaux marins sur la plage, en pensant vouloir participer au nettoyage de la zone, et en surveillant que les enfants ne s’en approchent pas.
Combien de cas humains de grippe aviaire dénombre-t-on depuis 2024 ? Et combien de décès ?
L’OMS constate une recrudescence des cas humains depuis deux ans. 91 cas humains dans le monde 2024 – 2025.
Parmi ces cas, un grand nombre en Amérique du Nord :
- 70 cas aux USA (dont 1 décès) ;
- 1 cas au Mexique (décédée) ;
- 1 cas au Canada.
Mais aussi 1 cas au Royaume-Uni.
Et les autres cas en Asie du Sud-Est :
- 13 cas au Cambodge (dont 4 décès) ;
- 3 cas au Vietnam (dont 2 décès) ;
- 2 cas Inde (dont 1 décès).
La majorité des cas humains observés aux USA sont bénins. La surveillance demeure active car le virus A(H5N1) peut avoir des répercussions sévères chez les patients pris en charge trop tard ou chez les patients fragiles. Il provoque des maladies graves, des pneumonies et des insuffisances respiratoires.
Quelles sont les mesures de prévention et de contrôle, face à la grippe aviaire ?
Face à cette menace, les autorités sanitaires locales (comme au Mexique, par exemple) mettent en place des mesures strictes pour surveiller, prévenir et contrôler la propagation de la maladie. Cette approche implique des investigations approfondies, un renforcement de la surveillance des maladies respiratoires, et des campagnes de sensibilisation pour le public et les travailleurs des élevages.
La communauté scientifique ainsi que les responsables de la santé publique mettent en garde contre les contacts directs avec des animaux malades ou morts, et recommandent la cuisson complète des produits aviaires. Les travailleurs en contact avec les volailles sont également exhortés à adopter des mesures de protection strictes, notamment le port d'équipements de protection individuelle.
La vaccination des animaux d’élevage fonctionne. Il existe aussi des vaccins pour les humains, même si pour l’instant cette vaccination n’est pas recommandée en France.
Comment est surveillée la grippe aviaire en France ?
L’Anses est chargée de surveiller la grippe A(H5N1) parmi les élevages de volatiles (poulets notamment) et de porcs ; elle analyse aussi des échantillons prélevées dans la faune sauvage.
L’Institut Pasteur se trouve être laboratoire de référence pour l’OMS sur les virus H5 humains. Il dispose aussi du Centre national de référence (CNR) des virus respiratoires chargé, en France, d’analyser les échantillons humains. Et aucun cas de transmission à l’être humain n’a été constaté ces dernières années.
Comment diagnostiquer la grippe A(H5N1) ?
Un test PCR spécifique existe, en particulier pour le clade qui circule en 2025 dans le monde. En France, le CNR de l’Institut Pasteur a établi un protocole pour ce test diagnostic et l’a mis à disposition des centres hospitaliers français.
Les pays développés sont-ils prêts à affronter une éventuelle pandémie ?
La situation actuelle de la grippe aviaire montre l’importance de la vigilance et de la coordination internationale. Avec des mesures de contrôle et de prévention rigoureusement suivies, il est possible de limiter la propagation de cette maladie et de protéger à la fois la santé humaine et animale.
Les pays développés se sont déjà préparés à affronter une éventuelle pandémie. L’OMS fait des propositions de souches vaccinales, mises à jour tous les 6 mois. L’Europe, dont la France, a fait des stocks de vaccins et d’antiviraux, en cas de besoin.
En France, Santé publique France et la direction générale de la santé ont relevé en mars 2025 le niveau de surveillance chez l’être humain.
Les autorités du monde entier doivent rester informées et proactives pour faire face à cette menace évolutive.
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