Paul-Louis Simond, le multimissionnaire des maladies

Médecin de la Marine, Paul-Louis Simond aura parcouru la planète et étudié nombre de maladies. Après avoir dirigé dès l’âge de 24 ans une léproserie en Guyane, il passe plusieurs années en Indochine où il lutte contre la variole, puis en Chine.

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Paul Louis Simond
La peste, la fièvre jaune et le choléra

Entré à 37 ans à l’Institut Pasteur, il côtoie le premier cercle des pasteuriens, qui l’envoient deux ans plus tard sur le front de la peste aux Indes: il y fait sa découverte majeure, sur le rôle de la puce dans la transmission de la maladie (voir ci-dessous). Il dirige ensuite l’Institut Pasteur de Saïgon au Vietnam. Deux ans plus tard, il participe à une longue mission au Brésil pour étudier la fièvre jaune et suggérer des mesures de prévention. De retour en France, il enseigne à l’École du service de santé des Troupes coloniales à Marseille, puis repart en mission, toujours sur la fièvre jaune, en Martinique. Il s’attaquera ensuite au choléra à Constantinople où il est détaché pour diriger l’Institut impérial de bactériologie, avant d’être nommé à la tête du Service de santé des troupes d’Indochine. Ce sera son dernier séjour hors de la métropole : à 56 ans, en conflit avec les autorités militaires, il quitte les Troupes coloniales, se retire dans sa Drôme natale et s’investit dans la santé publique de sa région.

Une renommée de botaniste

Si le nom de Paul-Louis Simond signe de nombreux travaux scientifiques, il a aussi été donné à… une dizaine d’orchidées, baptisées par le Muséum de Paris à qui ce passionné de botanique avait fait don de 226 aquarelles d’orchidées d’Indochine accompagnées de ses descriptions manuscrites. Cette fleur est d’ailleurs sur son « ex-libris » aux côtés de la salamandre (pour ses premières recherches à l’Institut Pasteur), du rat, de la puce, et du moustique de la fièvre jaune... 

Découverte à Karachi : la puce, vecteur de la peste

En 1897, à la demande de l’Institut pasteur, Paul-Louis Simond prend le relais d’Alexandre Yersin pour mener une campagne de sérothérapie contre la peste bubonique dans la région de Bombay aux indes, frappée par une grave épidémie. il sillonne la région, les malades affluent, il s’épuise… et il observe. La présence chez certains malades d’une petite cloque (phlyctène) évoquant les suites d’une piqûre d’insecte lui laisse penser que le rat ne transmet pas directement la maladie à l’homme. C’est à Karachi, où il est envoyé plus tard sur une nouvelle flambée de peste, qu’il prouve par une expérience décisive la transmission de la peste par la puce, du rat au rat et par déduction du rat à l’homme. « Ce jour-là, le 2 juin 1898, j’éprouvais une émotion inexprimable à la pensée que je venais de violer un secret qui angoissait l’humanité depuis l’apparition de la peste dans le monde », écrit-il. En complétant la dératisation par la désinsectisation, sa découverte permit une diminution considérable de la maladie dans de nombreux pays.

Chronologie de la vie de Paul-Louis Simond

> 30 juillet 1858
Il naît à Beaufort-sur-Gervanne (Drôme).

> 1882-1886
Il devient directeur de la léproserie de l’acarouani en Guyane.

> 1886-1887
Il fait sa thèse de doctorat en médecine sur la lèpre, à Bordeaux.

> 1890-1894
Il devient médecin de 2e classe de la Marine. Muté en extrême-orient, il participe aux campagnes de vaccination contre la variole et mène des recherches océanographiques dans le golfe du tonkin. rédige en Chine, à Long- tcheou, des Notes  d’histoire naturelle et médicales .

> 1895-1897
Il suit le cours de microbiologie de l’institut pasteur puis y mène des recherches sur les coccidies.

> 1897-1898
Il est envoyé aux indes anglaises par l’institut pasteur pour lutter contre la peste. Les Annales de l’Institut Pasteur publient ses travaux sur la transmission de la maladie.

> 1898-1901
Il devient directeur de l’institut pasteur de saïgon. Il est médaillé chevalier de la Légion d’honneur.

> 1901-1905
Il fait une mission sur la fièvre jaune au Brésil pour l’institut pasteur.

> 1906-1910
Il est professeur à l’École d’application du service de santé des troupes coloniales (Marseille).

> 1908-1909
Il fait une mission sur la fièvre jaune en Martinique.

> 1911-1913
Il est directeur de l’institut impérial de bactériologie de Constantinople.

> 1914-1917
Il est directeur du service de santé des troupes du groupe de l’indochine. Il quitte les troupes coloniales.

> 1919-1947
Il est adjoint au maire de Valence, participe à la création de la pouponnière valentinoise et du dispensaire antituberculeux de la Ville.

> 18 mars 1947
Il meurt à Valence (Drôme).

Photo : Paul-Louis Simond Mission Brésil, fièvre jaune, 1901 - 1905 © Institut Pasteur/Musée Pasteur

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