SARS-COV-2 : améliorer la prise en charge de patients atteints d’une infection sévère

Communiqué de presse
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Les réactions inflammatoires au SARS-COV-2 varient fortement en fonction des individus. Des médecins et chercheurs de l’Institut Pasteur, du St. James's Hospital de Dublin et du Trinity College de Dublin ont identifié des facteurs de vulnérabilité supérieure de certaines personnes à la COVID-19, ce qui pourrait orienter l’élaboration de nouvelles stratégies thérapeutiques. Les chercheurs ont notamment découvert un lien entre les formes sévères de la maladie et la difficulté voire l’incapacité des individus à produire une protéine antivirale clé appelée interféron de type 1. Cette étude a été publiée le 25 novembre 2022 dans le journal Nature Communications.

Des travaux antérieurs, auxquels avaient participé plusieurs des scientifiques de cette étude, avaient déjà montré qu’une faible production d’interféron de type 1 chez des patients atteints d’une infection sévère à SARS-COV-2 empêchait l’élimination de l’infection virale et entrainait une aggravation clinique. Par ailleurs, des gènes codants pour des protéines de la voie de signalisation à l’interféron de type 1 ont précédemment été identifiés comme facteurs de risque de développer une infection sévère à COVID-19.

Dans cette étude, les scientifiques ont étudié dans des cohortes de patients, pourquoi la simple administration d’interféron de type 1 à des fins thérapeutiques s’est révélée inefficace en particulier lorsque les patients étaient atteints d’une forme sévère de la maladie. Fruit d’une collaboration franco-irlandaise, cette étude montre qu’en administrant l’interféron de type 1 par voie sanguine à des patients atteints d’une forme grave de la COVID‑19, leurs cellules immunitaires deviennent plus inflammatoires que celles des personnes touchées par une forme beaucoup plus légère de la maladie.

« Bien sûr, nous savons depuis longtemps que nous réagissons très différemment à la COVID‑19. Certaines personnes sont relativement bien portantes voire asymptomatiques, tandis que d’autres tombent très malades voire décèdent tragiquement. » explique Darragh Duffy, responsable de l'unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et principal auteur de l’étude. « Les résultats sont encourageants car ils peuvent contribuer à éclaircir l’échec de l’usage thérapeutique de l’interféron de type 1 à un stade avancé de l’infection, et ce, malgré de nombreux travaux démontrant l’importance de cette protéine dans l’infection précoce. » ajoute-t-il.

Les résultats de l’étude montrent l’importance d’un dosage de l’interféron bien plus tôt dans l’évolution de la maladie et renforcent la nécessité de dépister les individus dont la réponse est amoindrie, en raison de facteurs génétiques, d’auto-anticorps ou de traitements, afin d’anticiper certaines complications liées à la COVID-19 ou à d’autres infections virales aiguës.

« Cette étude offre un nouvel éclairage sur l’effet particulièrement préjudiciable de réponses inadéquates et inappropriées à l’interféron de type I dans les cas graves de COVID-19, ce qui nous aide à mieux comprendre le dérèglement de certains processus immunitaires biologiques précoces chez les personnes sévèrement atteintes. » indique Nollaig Bourke, chercheuse au Trinity College de Dublin. « Ce type de recherches cliniques utiles, qui contribuent à expliquer notre vulnérabilité à la COVID-19, réclame des équipes aux profils de compétences et d’expertise variés, à l’instar de ceux des auteurs du présent article, qui viennent d’horizons cliniques et scientifiques différents. Rien n’aurait été possible sans le financement de la SFI, de l’AIB et de l’Institut Pasteur. » conclue Cliona O’Farrelly, Professeure d’immunologie comparée au Trinity College de Dublin.
 


Cette étude a été réalisée grâce à la cohorte de l’hôpital St. James (St. James's Hospital Dublin) et à la cohorte French COVID-19 (Inserm) et grâce aux financements du fonds « URGENCE COVID-19 » de l’Institut Pasteur (études CoVarImm et « réponse aux stéroïdes »), de l’Agence nationale de la recherche (ANR-flash COVID-19), du Laboratoire d’excellence « Milieu intérieur », du fonds IMMUNOV pour l’innovation en immunopathologie (B.T.) et de la Science Foundation Ireland (SFI).de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes (EP36XII) et du NIH (1UM1AI164562-01). 

Les chercheurs remercient la STTAR-Bioresource de TCD/SJH/TUH (COVID-19), qui a permis le prélèvement d’échantillons patients, ainsi que le personnel de santé de l’AP-HP impliqué dans le diagnostic et le traitement des patients de l’Hôpital Cochin, de l’Hôpital Bichat et du St James's Hospital de Dublin.

 


Source :

Defective activation and regulation of type I interferon immunity is associated with increasing COVID-19 severity, Nature Communications, 25 novembre 2022

Nikaïa Smith 1,21, Céline Possémé 1,21, Vincent Bondet 1,21, Jamie Sugrue 2, Liam Townsend 3,4, Bruno Charbit 5, Vincent Rouilly6, Violaine Saint-André1,7, Tom Dott5, Andre Rodriguez Pozo1, Nader Yatim1, Olivier Schwartz 8, Minerva Cervantes-Gonzalez9,10,11, Jade Ghosn9,11, Paul Bastard 12,13,14,15, Jean Laurent Casanova 12,13,14,15,16, Tali-Anne Szwebel17, Benjamin Terrier17, Niall Conlon18,19, Cliona O’Farrelly 2,19, Clíona Ní Cheallaigh3,4, Nollaig M. Bourke 20 & Darragh Duffy 1,5

1Translational Immunology Unit, Institut Pasteur, Université Paris Cité, Paris, France.
2School of Biochemistry and Medicine, Trinity Biomedical Sciences Institute, Trinity College Dublin, Dublin, Ireland.
3Discipline of Clinical Medicine, School of Medicine, Trinity Translational Medicine Institute, Trinity College Dublin, Dublin, Ireland.
4Department of Infectious Diseases, St James’s Hospital, Dublin, Ireland.
5Institut Pasteur, Université Paris Cité, CBUTechS, Center for Translational Research, Paris, France.
6Datactix, Bordeaux, France.
7Department of Computational Biology, Université Paris Cité, Bioinformatics and Biosta- tistics HUB, Institut Pasteur, Paris, France.
8Department of Virology, Virus and Immunity Unit, Institut Pasteur, Paris, France.
9Infectious and Tropical Diseases Department, AP-HP, Hôpital Bichat, Paris, France.
10Epidemiology, Biostatistics and Clinical Research Department, AP-HP, Hôpital Bichat, Paris, France.
11Université de Paris, INSERM, IAME, UMR 1137 Paris, France.
12Department of Pediatrics, Necker Hospital for Sick Children, AP-HP, Paris, France.
13Laboratory of Human Genetics of Infectious Diseases, Necker Branch, INSERM U1163, Necker Hospital for Sick Children, Paris, France.
14Université Paris Cité, Imagine Institute, Paris, France.
15St. Giles Laboratory of Human Genetics of Infectious Diseases, Rockefeller Branch, The Rockefeller University, New York, NY, USA.
16Howard Hughes Medical Institute, New York, NY, USA.
17Institut Cochin, APHP, Paris, France.
18Department of Immunology, St James’s Hospital, Dublin, Ireland.
19Discipline of Immunology, School of Medicine, Trinity College Dublin, Dublin, Ireland.
20Discipline of Medical Gerontology, School of Medicine, Trinity Translational Medicine Institute, Trinity College Dublin, Dublin, Ireland.
21These authors contributed equally: Nikaïa Smith, Céline Possémé, Vincent Bondet

https://doi.org/10.1038/s41467-022-34895-1

 

 

 

AURÉLIE PERTHUISON
Responsable des relations presse

ANNE BURLET-PARENDEL
Attachée de presse

MYRIAM REBEYROTTE
Attachée de presse

NATHALIE FEUILLET
Chargée des relations presse

 

MARGAUX PUECH PAYS D'ALISSAC

Attachée de presse

 

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