Depuis l’identification des premiers cas d’infection au Brésil en mai 2015, le virus Zika a essaimé dans plus de 46 pays d’Amérique. Pour expliquer l’ampleur de l’épidémie et la rapidité avec laquelle le virus a envahi le continent plusieurs pistes sont évoquées. La transmission serait facilitée par l’absence d’immunité des populations d’Amérique face à un virus d’origine africaine mais également par la concomitance de fortes densités de moustiques vecteurs et de fortes densités de populations. Toutefois, une équipe brésilienne a émis l’hypothèse d’une transmission par des moustiques autres qu’Aedes : les moustiques du genre Culex. Ces moustiques sont fortement présents en milieu urbain où ils vivent dans des eaux très chargées en matières organiques (les caniveaux, les stations d’épuration…). Or, les campagnes de traitements insecticides ne ciblent pas ces gites larvaires car les moustiques Aedes y sont absents.

Une étude menée par l’Institut Pasteur en collaboration avec l’Institut Pasteur de la Guadeloupe et la FioCruz, membres du Réseau International des Instituts Pasteur, s’est attachée à vérifier cette hypothèse. Les résultats de leur étude publiée dans EuroSurveillance le 1er septembre montrent que Culex pipiens et Culex quinquefasciatus, des moustiques très communs dans l’environnement humain ne sont en réalité pas capables de transmettre le virus Zika. Les essais d’isolement du virus de la salive des moustiques (preuve biologique de la compétence à transmettre) ont été vains jusqu’au 21e jour après la prise de sang infecté par les moustiques femelles. Même en forçant la nature par l’inoculation directe dans le corps du moustique d’une forte dose de virus, il n’a pas été possible de le retrouver dans la salive.
Dans une étude publiée en mars 2016, ces mêmes équipes du Réseau International des Instituts Pasteur en collaboration avec d’autres partenaires avaient démontré que les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus d’Amérique étaient compétents vis-à-vis du virus, bien que faiblement. Ces moustiques restent donc les principaux responsables de la transmission du virus Zika. Ils doivent donc être ciblés en priorité par les stratégies de lutte antivectorielle à l’instar de ce qui est entrepris contre la dengue et le chikungunya puisqu’il s’agit des mêmes vecteurs.
Mis à jour le 22/09/2016