Fièvre jaune

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200 000 cas de fièvre jaune, par an, dans le monde, dont 30 000 décès.

Cause

Le virus de la fièvre jaune est transmis à l’homme par la piqûre de moustiques appartenant aux genres Aedes et Haemagogus. Il infecte également des singes en forêt où persiste un cycle moustique-singe-moustique auquel l’homme peut occasionnellement s’ajouter.

Symptômes et traitement

Après une incubation de 3 à 6 jours, la maladie débute typiquement avec fièvre, frissons, douleurs musculaires et maux de tête. Elle évoque alors une grippe, une dengue ou un paludisme. Dans les formes graves, au bout de trois jours, une rémission passagère précède l’apparition d’un syndrome hémorragique avec vomissement de sang noirâtre (vomito negro), d’un ictère qui donne son nom à la maladie et de troubles rénaux (albuminurie). La mort survient alors dans 20 à 60% des cas, après une phase de délire, de convulsions, et un coma. Toutes les formes curables entraînent une immunité à vie.
Il n’existe aucun traitement spécifique contre la fièvre jaune. Hormis la prévention par vaccination, les seules armes pour combattre la maladie une fois qu’elle a été contractée sont le repos, la réhydratation et l’administration de médicaments visant à limiter la fièvre, les vomissements et la douleur.

Epidémiologie

L’OMS estime chaque année à 200 000 le nombre de cas de fièvre jaune et à 30 000 le nombre de décès dus à cette maladie dans le monde.

De larges épidémies ont affecté l’Amérique tropicale aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle et en firent la "maladie la plus redoutée des Amériques". Aujourd’hui, la maladie sévit dans les régions intertropicales d’Amérique et d’Afrique, là où la couverture vaccinale est faible. Mystérieusement, elle n’était jamais parvenue en Asie jusqu’à ce que quelques cas soient déclarés en Chine en 2016 : des Chinois, travaillant en Angola, sont rentrés dans leur pays avec la maladie.

Afrique

L’Afrique est de loin le continent le plus touché, avec 95% des cas recensés dans le monde. La fréquence des épidémies et des cas isolés a régulièrement augmenté au cours de ces dernières années, notamment au Mali et au Soudan en 2005, ou en Angola et en République démocratique du Congo en 2016 (où des campagnes de vaccination d’urgence ont été mises en place). Autrefois limitées à la savane et en bordure de forêt, les épidémies africaines gagnent les cités en expansion qui procurent aux moustiques de nouveaux gîtes (vieux pneus ou bidons pleins d’eau). En témoigne les épidémies à Abidjan en Côte d’Ivoire en 2001 et 2008.

Continent américain

La maladie avait presque disparu d’Amérique du Sud dans la première moitié du siècle XXe siècle, mais avec le retour en force des moustiques vecteurs, une résurgence de l’infection est observée (Colombie en 2003, Brésil en 2017).

Cas d’importation

La fièvre jaune est aussi une maladie d’importation : des touristes non vaccinés peuvent en effet s’infecter en zone d’endémie et développer la maladie de retour de voyage. Plusieurs cas mortels ont été observés ces dernières années, comme en Allemagne (1999), aux Etats-Unis (1999) et en Belgique (2001), respectivement de retour de Côte d’Ivoire, du Venezuela et de Gambie.

Répartition des moustiques vecteurs

La circulation du virus de la fièvre jaune en Afrique a fait l’objet d’études longitudinales associant les Instituts Pasteur de Dakar, Abidjan et Bangui et les entomologistes de l’Institut de Recherche en Développement. 

Différentes espèces de moustiques, Aedes en Afrique et Haemagogus janthinomys en Amérique du Sud, transmettent le virus amaril à des singes. Contrairement aux singes d’Afrique, les singes du Nouveau Monde sont très sensibles à l’infection avec une mortalité importante. Le virus persiste dans ces cycles forestiers (cycles sylvatiques) moustique-singe-moustique dans lesquels l’homme n’est pas impliqué naturellement. La fièvre jaune est une zoonose, probablement très ancienne et qui a été transmise à l’homme lorsque celui-ci s’est aventuré en forêt tropicale.

Le moustique à l’origine des épidémies urbaines est Aedes aegypti. C’est aussi le vecteur de la dengue et du virus Zika, autres arboviroses en pleine extension à travers le monde. Le réchauffement de la planète pourrait accélérer l’implantation de moustiques capables de transmettre ces maladies dans l’hémisphère nord, où l’expansion y est déjà favorisée par les échanges commerciaux.

Vaccination

Dès 1932, la vaccination était rendue possible par des chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar, à l’aide d’une souche vivante atténuée baptisée "souche française neurotrope". Résistant à la chaleur, administrable par scarification, ce vaccin vivant atténué a permis de faire disparaître la fièvre jaune épidémique en Afrique francophone. Mais il pouvait entraîner des réactions neuroméningées : à partir de 1960, il ne fut plus utilisé chez l’enfant de moins de 10 ans, et sa production à l’Institut Pasteur de Dakar a cessé en 1982.
En 1937, un deuxième vaccin (souche 17D), préparé à partir de virus atténué par Max Theiler (Prix Nobel de Médecine en 1951) a été mis au point à l’Institut Rockefeller aux États-Unis, et rendu thermostable par une équipe de l’Institut Pasteur à Paris. Son efficacité et son innocuité, progressivement améliorées, en font un des meilleurs vaccins viraux actuels. C’est ce vaccin qui est aujourd’hui notamment produit à l’Institut Pasteur de Dakar. Ce laboratoire est agréé par l’Organisation mondiale de la Santé pour fournir le vaccin fièvre jaune aux programmes élargis de vaccination en Afrique.

La réglementation internationale impose la vaccination anti-fièvre jaune avant tout premier voyage en zone endémique (un document prouvant la vaccination est demandé à l’entrée des pays endémiques). Une seule injection permet une protection à long terme.

La vaccination contre la fièvre jaune est la seule vaccination obligatoire pour les voyageurs se rendant en zone endémique intertropicale d’Afrique ou d’Amérique du Sud.

 

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Mars 2021

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