Les conséquences maternelles et néonatales de l’infection par le virus Zika étudiées dans le sud du Vietnam

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Entre 2016 et 2017, 68 femmes enceintes du sud du Vietnam ont été diagnostiquées positives au virus Zika (ZIKV). Des chercheurs de l’équipe Épidémiologie des Maladies Émergentes à l’Institut Pasteur (Paris) dirigée par Arnaud Fontanet, en collaboration avec l’Institut Pasteur d’Hô Chi Minh Ville ont mis à jour les conséquences virales et épidémiologiques de ces infections. Les résultats sont publiés dans la revue The Lancet Regional Health - Western Pacific et soulignent la nécessité de maintenir la surveillance des infections par le virus en Asie du sud-est.

Suite à l'épidémie du virus Zika (ZIKV) dans les Amériques en 2015 et 2016, entraînant de grandes flambées dans plusieurs régions du monde, la surveillance épidémiologique de l'infection par le ZIKV a été renforcée dans le sud du Vietnam. Entre 2016 et 2017, 68 femmes enceintes ont été testées positives à une infection au ZIKV par la technique de polymérisation en chaîne (RT-PCR), réalisée à l'Institut Pasteur de Hô Chi Minh Ville.

Le virus Zika est transmis par les moustiques et la majorité des personnes infectées ne présentent pas de symptômes. Pour les quelques cas en présentant, ils sont généralement faibles et inclus de la fièvre, des éruptions cutanées ou encore des douleurs musculaires et articulaires. Néanmoins, une infection par le ZIKV durant la grossesse peut engendrer une microcéphalie chez le fœtus ainsi que d’autres malformations fœtales.

En collaboration avec l'Institut Pasteur de Hô Chi Minh Ville, l’équipe Épidémiologie des Maladies Émergentes a mené une enquête multidisciplinaire pendant la grossesse de femmes enceintes infectées par le ZIKV. Elle a recueilli des informations cliniques et épidémiologiques auprès des femmes, ainsi que de leurs enfants. Celles-ci incluant leurs dossiers médicaux, des tests sanguins, mais aussi des données personnelles (âge, facteurs liés au style de vie etc).

Grâce au séquençage génomique et à l'analyse phylogénétique des échantillons sanguins de ces femmes enceintes, menés en collaboration avec le Centre National de Référence des Arbovirus à Marseille, en France, l’équipe a pu identifier un clade au sein de la lignée asiatique du virus ZIKV impliqué dans les infections chez les femmes enceintes, c’est à dire un groupe de virus partageant une origine virale commune. L'analyse des séquences d’ARN suggère que le clade a probablement été introduit au Vietnam entre octobre 2004 et janvier 2011, avant les épidémies en Polynésie française et en Amériques.

L’équipe de recherche a également été en mesure de décrire certaines complications liées à la grossesse, y compris les anomalies fœtales qui sont compatibles avec les microcéphalies relatives au ZIKV ou encore les décès fœtaux. Ces complications n’avaient pas été largement décrites pour la lignée asiatique du ZIKV avant les épidémies en Polynésie française et en Amériques. Enfin, ils ont pu montrer la persistance des anticorps anti-ZIKV chez la femme au-delà de trois ans post-infection.

Cette étude améliore la compréhension de la pathogénicité relative de la lignée asiatique du ZIKV. Elle souligne la nécessité de maintenir la surveillance épidémiologique de l'infection par le ZIKV, en particulier chez les femmes enceintes en Asie du sud-est.

 

Plus d’informations :

Maternal and neonatal outcomes related to Zika virus in pregnant women in Southern Vietnam: an epidemiological and virological prospective analysis

Auteurs : Rebecca Grant, Thao Thi Thanh Nguyen, Manh Huy Dao, Hang Thi Thu Pham, Géraldine Piorkowski, Tai Doan Tan Pham, Thang Minh Cao, Loan Thi Kim Huynh, Quan Hoang Nguyen, Linh Dang Khanh Vien, Frédéric Lemoine, Anna Zhukova, Dao Thi Nhu Hoang, Hung Thanh Nguyen, Nhu Tuan Tran, Lien Bich Le, Minh Nguyen Quang Ngo, Thai Chau Tran, Nhan Nguyen Thanh Le, Minh Ngoc Nguyen, Hai Thanh Pham, Tuyet Thi Diem Hoang, Thach Van Dang, Anh Thi Vu, Quyen Ngoc Truc Nguyen, Xavier de Lamballerie, Quang Duy Pham, Quang Chan Luong, Arnaud Fontanet

DOI : https://doi.org/10.1016/j.lanwpc.2021.100163

Revue : The Lancet Regional Health - Western Pacific.

 

 

 

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